Thème

Le coin des parents et autres adultes

Laurent Dandrieu, Une Cinémathèque idéale

Des indémodables Aventures de Winnie l’Ourson (1977) au méconnu Lise et André de Denis Dercourt (2000), Laurent Dandrieu, critique de cinéma reconnu, propose dans cette Cinémathèque idéale – Que regarder en famille de 5 à 16 ans ? une sélection de 700 films à regarder « en famille ». L’auteur avoue une prédilection pour les grands classiques des années 1930 à 1950, « âge d’or du cinéma familial », souvent en noir et blanc, et s’est résolu à « écarter nombre de films à cause de leur trop grande violence », en préférant faire découvrir aux plus jeunes « un univers où le langage est soutenu, où la tenue et les bonnes manières sont des évidences, où même les gangsters sont élégants ». 
Tout comme les livres d’Une bibliothèque idéale (Critérion, 2018), les films sont classés en catégories – « Destins animés », « Sueurs froides », « À l’aventure », etc. – et présentés en quelques lignes, nom du réalisateur, pays, date et durée, suivies d’une brève présentation. Deux index, films et réalisateurs, et quelques encarts, et le tour est joué. À vous de sortir les bonbons, les caramels ou les Esquimaux…

Pour toute la famille

Laurent Dandrieu, Une Cinémathèque idéale – Que regarder en famille de 5 à 16 ans ?, Critérion, 2023, 256 p., 17,90 € — Imprimé en Espagne

Katie Daynes, La mort, c’est quoi ?

Katie Daynes, La mort, c’est quoi ?

Pourquoi meurt-on ? Peut-on parler de la mort ? Qu’arrive-t-il quand quelqu’un meurt ? Puis-je crier, pleurer, m’isoler ? Comment chasser la tristesse ? D’heureux souvenirs. Tels sont les thèmes des six doubles pages de cet album cartonné. Ces grandes questions se divisent en de multiples autres, et chaque réponse se cacher derrière un rabat. Les auteurs ont choisi de donner la parole à des animaux humanisés – habillés et évoluant dans « notre » monde. Néanmoins, la différence est bien faite entre « ce qui ne meurt pas » (les pierres, mon nounours) et les êtres vivants – dont nous sommes. Les questions métaphysiques restant ouvertes, les adultes auront tout loisir de commenter à leur manière. « Où est papi maintenant » ? s’inquiète le petit blaireau sous un parapluie noir. « Son corps est dans le cercueil, mais l’endroit où est parti le papi que tu connais et que tu aimes est un des grands mystères de la vie. On ne sait pas ce qui arrive après la mort. » Pour petit blaireau, « je crois que papi est devenu une étoile », et pour sa sœur « je crois qu’il a rejoint son propre papa ».  Un album à garder à portée de main en cas de coup dur dans son entourage, ou après un passage rituel au cimetière, comme c’est encore l’usage le lendemain de la Toussaint.

Dès 3 ans

Katie Daynes, La mort, c’est quoi ?, illustrations de Christine Pym, Usborne, coll « Mes premières questions », 021, 12 p. cartonnées avec des rabats, 9,95 € — Traduit de l’anglais par Virginie Clauzel et Caroline Slama. Imprimé en Chine.

Laurent Tillon, Être un chêne – Sous l’écorce de Quercus

Quercus, c’est le nom latin du chêne, et c’est aussi le surnom affectueux que Laurent Tillon, biologiste et ingénieur forestier, a donné à un superbe chêne sessile de la forêt de Rambouillet, véritable « héros » de ce récit. Un chêne né aux alentours de 1780 ! Comme tout héros, il a aussi des comparses : parmi eux, Apodemus le mulot, Leccinum le bolet, Tortrix la chenille, Canis le loup et, dans un rôle incontournable, Homo, l’homme.

Science, poésie et philosophie : autant d’approches complémentaires pour approcher les secrets de la forêt. Avec un effort pédagogique hors-pair, Laurent Tillon parvient à expliquer la chimie la plus complexe, tout en nous apprenant à regarder, à écouter, à sentir et en nous faisant partager ses émerveillements. A lire au pied de votre « arbre-compagnon » !

Grands adolescents, adultes

Laurent Tillon, Être un chêne – Sous l’écorce de Quercus, 2023, Actes Sud, coll. Babel, 320 p., 9,70 € — Imprimé en France. Edition de poche. Le livre est initialement paru en 2021, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 23 €

Kobi Yamada, Ose !

« Comment est-ce qu’on arrive à faire ça ? » se demande un enfant devant la statue sur laquelle le sculpteur travaille. « Il suffit de s’y mettre. Toi aussi, tu peux le faire », répond l’artiste. Au fil des pages, et des jours, vont alterner le doute, l’effort, les échecs, la peur de l’échec, l’espoir, les déceptions, le courage de recommencer, jusqu’à atteindre son but… Les illustrations en noir et blanc d’Elise Hurst laissent de nombreux espaces ouverts pour rêver et méditer. Par l’auteur des best-sellers Un jour j’ai eu une idée et Un jour j’ai eu de la chance, cet album émouvant fera voyager les petits et les grands – plus les grands que les petits, car si le texte n’est pas long, il est très dense et prégnant. Un joli coup de pouce pour convaincre ceux qui n’osent pas faire le premier pas.

Dès 8 ans

Kobi Yamada, Ose !, illustrations d’Elise Hurst, Le Lotus et l’Eléphant, 2022, 48 p., 15 € — Traduit de l’anglais. Imprimé en France

Marguerite Souchon, Comment Dostoïevski fut sauvé

« A la vue de l’écrivain égaré, le vacarme cesse et tous les enfants se tournent vers lui, comme une petite armée, attendant un geste de leur maître pour donner l’assaut.
“Je cherchais la sortie du souterrain… Je m’appelle Fiodor…”, bredouille Dostoïevski.
“Et moi, Nikolaï Stavroguine”, répond d’une voix caressante l’ombre sur le trône, qui s’avère être un homme vêtu de noir. »
Cela ne vous fait pas dresser les poils sur les bras ? Un personnage de roman qui s’adresse à son auteur, déjà bien perturbé, brrr… Car avant cet épisode, Marguerite Souchon a conté comment Dostoïevski a subi un simulacre d’exécution, puis a été envoyé au bagne, dont il tente de s’échapper par ce fameux souterrain. Et que Stavroguine ne va-t-il pas demander à son auteur pour lui permettre de recouvrer sa liberté ? Mais il faut bien en passer par cet épisode terrifiant pour, littéralement, revivre quand arrive « un homme de haute taille, aux cheveux flottant sur une sorte de manteau de pèlerin. Nul ne l’a jamais vu, et pourtant tous le reconnaissent ». Un homme qui va opérer un miracle. Le peintre François-Xavier de Boissoudy soutient ce récit à bout de bras – on serait tenté de dire « à bout de pinceaux » : des lavis plus sombres que la nuit alternent avec d’autres, vibrants d’un brasier intérieur dont on se demande jusqu’où on peut l’approcher sans crainte de se brûler… Difficile de pousser plus loin la réflexion sur le bien, le mal, la liberté, la foi et le pardon.

Pour adolescents « solides »

Marguerite Souchon, Comment Dostoïevski fut sauvé, illustrations de François-Xavier de Boissoudy, Les Petits Platons, 2023, 64 p., 16 € — Imprimé en République Tchèque

Un été riche en lectures !

Chères amies, chers amis de Chouette, un livre !

Pour ces deux mois d’été, je vous proposerai quelques nouveautés et sélectionnerai aussi les livres et albums 200% coups de coeur de l’année écoulée.


Peut-être serai-je moins présente sur Facebook ou Instagram.


Alors, pour ne rien manquer, abonnez-vous à la newsletter de Madame la Chouette — c’est bien évidemment gratuit !

N’hésitez pas à me faire part de vos découvertes ! Passez un bel été — avec beaucoup de temps pour lire.

Flore Brunelet, Les écrans, c’est pour les grands

Si c’est la dame du livre qui le dit… Voilà une autorité qui, parfois, peut venir en aide aux parents. C’est le cas avec cet album écrit par Flore Brunelet, psychologue, et illustré par sa fille Madeleine. Un charmant bambin à lunettes nous conduit chez lui, à hauteur de son bout du nez. Alors, oui, « à la maison, il y a un ordinateur, une télé, deux téléphones, deux tablettes. Je sais que c’est pour les grands mais moi j’aimerais bien qu’on me les prête. Papa et Maman ne sont pas d’accord, ils ne veulent pas partager. » Et si la dame qui a écrit le livre ne suffit pas à convaincre, c’est le docteur qui vient à la rescousse. « Courir, jouer, imaginer ! plein de choses que les écrans ne peuvent remplacer. » Après ses sages conseils, notre chenapan va cacher les écrans de ses parents – seraient-ils devenus dépendants ? Le texte comme les dessins évitent tout côté moralisateur pour énoncer un simple constat : l’exposition aux écrans nuit au développement des jeunes enfants et peut avoir de graves répercussions sur leur santé. Connaissez-vous la règle des 3 /6 / 9 / 12 ?

Dès 3 ans, et surtout pour les parents

Flore Brunelet, Les écrans, c’est pour les grands, illustrations de Madeleine Brunelet, Flammarion Jeunesse, Père Castor, 2022, 24 p., 6,50 € — Imprimé en Chine

Sabine de La Moissonnière, Eduquer par le cinéma – Films récents (t. 2)

Après le succès d’un premier tome centré sur les grands classiques à voir dès 10 ans, Sabine de La Moissonnière récidive avec un second tome, consacré aux films plus récents, des années 1990 à aujourd’hui, pour des spectateurs plus âgés, grands collégiens et lycéens.
De « Arrête-moi si tu peux » au « Sens de la fête », ce ne sont pas moins de 29 films qui sont analysés en profondeur. Il faut y ajouter plus de 120 notices critiques portant sur des films tels que « Grand Budapest Hotel », « Into the Wild » ou « Mustang ». Animation, action, aventure, comédie, drame, fantastique, guerre, historique, policier, western, film d’auteur… tous les grands genres cinématographiques sont représentés, ce qui en fait une filmothèque « idéale », qui assume clairement son regard chrétien.
On trouvera donc en début d’ouvrage, une méthodologie d’éducation au cinéma et par le cinéma, puis une présentation des films par grands thèmes : adolescence et famille, construction personnelle et relation à Dieu, amour et affectivité, société, dépassement de soi, travail et réjouissances…
Analyses détaillées, questionnaires pédagogiques, glossaire des notions cinématographiques et termes d’analyse filmique, sans oublier un index pour trouver ces films en ligne et en DVD, en font un outil très bien conçu à l’usage des éducateurs, des parents et des enseignants. L’ouvrage est préfacé par Mgr Pascal Ide, docteur en philosophie et en théologie, critique de cinéma. Les esquimos, les caramels et les pop-corn ne sont pas fournis.

Adultes, parents, animateurs de ciné-clubs, enseignants

Sabine de La Moissonnière, Eduquer par le cinéma – films récents (t. 2), Le Centurion, 2020, 320 p., 19,90 € — Imprimé en Europe

Noëls de France, recueillis par Thibaud Dubois

De l’Avent à l’Epiphanie, il ne manquera pas de soirées frisquettes. Un coin de feu, ou un canapé confortable, quelques bougies, des biscuits à la cannelle – et une belle voix pour captiver un auditoire familial en lisant – ou en disant contes ou poèmes de Noël. Voilà à quoi invite cette anthologie de 68 « Noëls de France » rassemblés par Thibaud Dubois.
Tant l’on crie Noël qu’il vient » : ainsi François Villon annonçait cette période que tous, petits et grands, attendent. Contes, poèmes, récits… Vous retrouvez à travers ces pages les plus grands et plus célèbres écrivains français : Joachim du Bellay, François Coppée, Guy de Maupassant, la comtesse de Ségur, Edmond Rostand, Alphonse Allais, Jean de La Varende, et de nombreux auteurs oubliés ou méconnus, parfois gentiment démodés ou droits sortis de recueils un peu moralisateurs voire édifiants du XIXe siècle, qui ont gardé un certain charme. C’est pourquoi je conseille ce recueil à des adultes, qui sauront choisir les lectures de Noël qui conviennent le mieux à leur sensibilité et à celle des jeunes enfants.
Que la plume de ces auteurs soit triste, gaie, émerveillée, sceptique ou bien encore tourmentée, elle vous permettra par un regard privilégié de contempler, d’admirer et de vous approcher de la beauté du mystère de Noël !

Pour toute la famille

Noëls de France, recueillis par Thibaud Dubois, illustrations de Françoise Pichard, Via Romana, 2021, 268 p., 22 € — Imprimé en France

Béatrice Alemagna, Les choses qui s’en vont

« Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elles passent. » Que ce soit le petit bobo, les poux, les larmes, toutes ces petites misères finissent par passer – et même quand les cheveux tombent comme les feuilles mortes, ce n’est pas si grave – et ça, on le voit bien avec ce jeu de calques qui modifient « juste un peu » les images et retiennent l’attention. Car le plus important vient à la fin : « Une seule chose ne s’en va pas. Et ne s’en ira jamais. Jamais. » mais qui n’est jamais dite non plus – c’est, vous l’avez deviné, immuable, solide et perpétuel, l’amour d’un parent pour son enfant. Ce livre d’artiste plein de trouvailles graphiques a obtenu en 2020 le Prix Sorcières.

Dès 4 ans

Béatrice Alemagna, Les choses qui s’en vont, Hélium, 2019, 70 p., 15,90 € — Imprimé en Belgique

Hege Barnholt, En direct de Scandinavie : les trésors de Noël

Hege Barnholt, En direct de Scandinavie : les trésors de Noël

« Noël, c’est l’attente, la joie, l’effervescence, les sentiments chaleureux et surtout les traditions » annonce l’auteur de ce livre aux trésors. En Scandinavie, Noël se prépare dès octobre, quand les nuits rallongent, rallongent… Et pour s’occuper les mains, les bonnes idées ne manquent pas : boules de mousse, photophores, cadeaux fabriqués à partir de petits riens, sans oublier de nourrir les oiseaux sauvages. Et pour se réchauffer, rien de vaut le glögg de grand-mère, agrémenté de petits gâteaux aux formes traditionnelles et au parfum d’anis et de cannelle. A déguster sans modération !

Pour toute la famille

Hege Barnholt, En direct de Scandinavie : les trésors de Noël, photographies de Bjorn Johan Stenersen, Les Editions de Saxe, 2013, 160 p., 19,50 €

Marie-Alix Le Roy, Protégeons nos enfants des écrans !

Sous-titré «  10 conseils du groupe FB Parents unis Pas de smartphone avant 15 ans », ce petit guide affiche la couleur : réunir toutes les bonnes idées pour informer sur les différents dangers des écrans, notamment de téléphone, et ne pas céder au conformisme ambiant. Face aux addictions, aux cyber-pathologies, au cyber-harcèlement induits par un mauvais usage des smartphones et des réseaux sociaux, les parents n’ont qu’un devoir : résister ! Avec plus de 9800 membres à la rentrée 2020, le groupe entend appeler enseignants, directeurs d’établissement et entreprises à prendre leurs responsabilités. Le guide rassemble arguments et données chiffrées, pour donner à nos enfants les mêmes chances que ceux des cadres et dirigeants de la Silicon Valley : les écrans ? « no before 8th grade », chez nous, « pas avant 15 ans ». Chiche ?

Adultes (et grands adolescents)

Marie-Alix Le Roy, Protégeons nos enfants des écrans !, Mame, 2020,  96 p., 9,90 € — Imprimé en Espagne