Thème

Contes, légendes et fééries

Géraldine Elschner, Petit Indien Terre-de-Neige

Qu’il essaie de pêcher, de tirer à l’arc, de monter à cheval ou même de jouer avec ses amis, Terre-de-Neige, le petit Indien, n’arrivait jamais à ses fins… « et une larme roula sur sa joue »… Jusqu’au jour où il rencontra un cheval noir : celui-ci « ne bougea pas, Terre-de-Neige caressa son dos d’ébène, et découvrit sa blessure ». Ce que les autres voient comme de la lenteur, voire de la maladresse, va devenir de la compassion et de patience. Les chaleureuses couleurs de terre s’animent aussi de bleus vifs, avec un sens du mouvement et du ralenti tout à fait en phase avec le récit. A la vitesse du vent ou à pas lents, Terre-de-Neige et Flèche d’Ebène deviendront inséparables.

Dès 4 ans

Géraldine Elschner, Petit Indien Terre-de-Neige, illustrations de Mone Schliephack, Minedition, 2013 et 4e retirage en 2022, 32 p., 9 € — Traduit de l’allemand — Imprimé en Chine

Viviane Koenig, Drôles d’histoires de fripons

« Veux-tu commencer ? propose Pampinée à son amie Neiphile. Choisis une histoire triste, drôle, charmante ou effrayante, selon ton bon vouloir. Nous t’écoutons.
— Connaissez-vous les mésaventures de messire Conrad ? demande la jeune fille. Non ? Alors écoutez un peu. »
Imaginez. D’un un saut, vous voilà en Italie, au XIVe siècle. Avec vos amis, vous avez fui la peste qui a envahi Florence et vous vous êtes installés dans une belle propriété au cœur de la Toscane. Pour occuper vos journées, chacun va raconter une histoire, à tour de rôle, et quand le tour sera fini, on recommencera. Des histoires, il y en aura cent ! Dix amis, pendant dix jours, cela donne… cent histoires, inventées par le célèbre poète italien Boccace.
Viviane Koenig a choisi six nouvelles, les plus drôles et les plus émouvantes que compte ce recueil ; amour, mensonge, gourmandise, courage, aventure, finalement, rien n’a vraiment changé au fil des siècles. Elle les a adaptées, avec respect, pour les rendre accessibles aux jeunes lecteurs du XXIe siècle. Francesca Capellini, italienne… comme Boccace et très inspirée par la peinture de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance, a illustré cet album avec brio : cela pétille de couleurs et d’énergie. Les costumes, notamment, rivalisent de créativité, dans des décors de rêve.

Dès 10 ans

Viviane Koenig, Drôles d’histoires de fripons, illustrations de Francesca Capellini, Saltimbanque, 2022, 72 p., 16,90 € — Imprimé en France

Astrid Valence, Contes des plus grands ballets

« Danser, c’est raconter des histoires. C’est ouvrir un autre univers où tout est possible, les fées, les fantômes, les sentiments merveilleux. » La danse « parle une langue universelle, un langage du cœur et du geste que chacun peut comprendre, à travers les pays et les siècles », explique la danseuse étoile Dorothée Gilbert, étoile du ballet de l’Opéra de Paris.
Elle a accepté de préfacer ce magnifique ouvrage consacré aux plus célèbres ballets de notre patrimoine, ou, plus exactement, aux contes qui les ont inspirés. Siegfried parviendra-t-il à sauver Odette des griffes du sorcier qui l’a changée en cygne ? Clara et le Casse-Noisette vont-ils vaincre l’armée des souris ? Yvan a‑t-il bien fait de libérer l’Oiseau de Feu ? Que recherchent Don Quichotte et son fidèle Sancho Panza sur les routes d’Espagne ? Chaque conte est suivi d’un petit pas de côté : « Derrière le rideau » dévoile les coulisses de ces ballets mythiques, on y croise Shakespeare et Tchaïkovski, on assiste à l’invention du tutu et des pointes, on pénètre dans les plus grands théâtres…
Après des années à apprendre à danser, à écrire et à peindre, après un premier livre sorti en 2020 (La Brouette, sur des textes d’Edmond Rostand, Éditions Téqui), Astrid Valence soulève pour chaque jeune lecteur le rideau rouge et or des ballets.

Dès 8 ans

Astrid Valence, Contes des plus grands ballets, La Martinière Jeunesse, 2023, 104 p., 19 € — Imprimé en Slovénie

Corrinne Averiss, Un doux moment polaire

Miki, l’ourson blanc, préfère escalader la colline enneigée plutôt que de pêcher avec sa maman. Partons à l’aventure ! Justement, « soudain, il aperçoit… un petit point rouge dans la neige. Il court pour le voir de plus près. » Ce « Petit Point Rouge » va devenir une extraordinaire compagne de jeu. Mais voilà qu’une « chose rouge manque au bout d’une de ses pattes ». Eh oui, notre petite Inuit a perdu sa moufle ! Miki plonge…
Un album bienvenu en ces derniers jours d’hiver, pour se blottir dans la fourrure toute douce de son ours préféré, avant de s’endormir. Les dessins sont aussi tendres que l’histoire, et notre petit chaperon rouge, on a bien envie de l’embrasser sur le bout du nez !

Dès 3 ans

Corrinne Averiss, Un doux moment polaire, illustrations de Fiona Woodcock, Kimane, 2022, 32 p., 13,95 € — Traduit et adapté de l’anglais. Imprimé en Chine

Matt Ralphs, Fabuleux mythes vikings

S’inspirant de l’Edda en prose et de l’Edda poétique de Snorri Sturluson, Matt Ralphs nous fait pénétrer dans un monde bien étrange, celui des mythes vikings. Il faut déjà s’habituer à ces noms venus d’ailleurs : Fenrir, Njörd, Draupnir, Ginnungagap ou Svartalfheim – les déchiffrer et les prononcer à haute voix, quelle aventure !
Après le récit du commencement du monde, défilent sous nos yeux les portraits des dieux et des déesses, Thor, Odin, Freya, puis ceux des géants et d’autres créatures rarement bienveillantes mais qui permettent aux héros, tel Sigurd, de faire preuve de leur vaillance. Tout ce monde se défie, se bat et ripaille joyeusement, mais voilà que la fin du monde menace, avec le Ragnarök…
Les illustrations de Katie Ponder, avec leurs couleurs franches et leurs traits décidés, un peu Art Déco, donnent encore plus d’énergie à un texte très documenté.

Dès 10 ans

Matt Ralphs, Fabuleux mythes vikings, illustrations de Katie Ponder, Larousse, 2022, 144 p., 19,95 € ‑Traduit de l’anglais par Delphine Nègre-Bouvet. Imprimé en Slovaquie

Hans Christian Andersen, Poucette

Une femme, qui ne pouvait avoir d’enfant, reçut d’une sorcière un grain d’orge magique. De sa tige sortit « une belle fleur semblable à une tulipe », et de la fleur, « une toute petite fille, à peine plus haute qu’un pouce. Aussi l’appela-t-elle Poucette ». Mais un crapaud, énorme et visqueux », enlève Poucette, endormie dans sa coquille de noix. Sera-t-elle contrainte à épouser son fils, de servir de bonne au rat des champs ? Pire encore, d’épouser Monsieur Taupe ? Heureusement, une petite hirondelle qu’elle avait soignée, compatissante, l’emporte d’un coup d’aile dans un pays ensoleillé où règne le prince des fleurs.
D’origine danoise, l’artiste Mette Ivers a donné des couleurs légères et raffinées à ce conte qui serait bien cruel s’il ne se terminait par l’apothéose de Poucette, dotée d’ailes par son prince pour voler avec lui de fleur en fleur.

Dès 7 ans

Hans Christian Andersen, Poucette, illustrations de Mette Ivers, L’Etagère du bas, 2022, 40 p., 15,50 € — Traduit du danois par David Soldi, traduction « légèrement revue par Mette Ivers » dit l’éditeur. Imprimé en Europe.

Le Petit Théâtre du Père Castor

Poulerousse, Roule galette, La Grande Panthère noire, Michka et La plus mignonne des petites souris : autant de belles histoires que les enfants connaissent vite par cœur ! Pour rejouer les scènes les plus marquantes de chaque histoire (racontée en entier), voici une idée de Madame la Chouette : dépliez cet album et laissez vos apprentis comédiens faire évoluer quelques figurines trouvées dans le coffre à jouets, ou fabriquées dans un morceau de carton. Un parfait support pour enrichir son imaginaire !

Dès 4 ans

Le Petit Théâtre du Père Castor, Flammarion Jeunesse, Les albums du Père Castor, 2022, 10 pages pop-up, 20 € — Imprimé en Chine

S. Corinna Bille, Petits Contes de Noël

« J’aimais beaucoup la maison de ma grand-mère. C’était une drôle de maison tellement pleine de choses qu’il n’y avait plus place pour un seul grain de poussière, disait-elle. Mais j’aimais par-dessus tout la crèche de verre. » A force de la regarder de loin, puis de (trop) près, voilà que la fillette « toucha la vitre qui vola en éclats. Complètement abasourdie, » elle se retrouva… dans la crèche, à s’entretenir avec Joseph et Marie. Ou n’est-elle que tombée de la chaise ? De ces neuf petits contes de Noël se dégage une douce nostalgie : en hiver, il fait froid, on peut tomber malade, attendre la neige ou se perdre dans la nuit. On peut aussi rêver de ne plus être seul, ou ne pas vouloir rester dans son carton comme cette si belle poupée. Et sous la plume de Corinna Bille (1912–1979), même le Père Noël photographe des grands magasins a droit à notre bienveillance… Certains contes se prêteront fort bien à une lecture à voix haute devant la cheminée.

Dès 12 ans –certains contes sont à lire à voix haute en famille

Corinna Bille, Petits Contes de Noël, illustrations de Hannes Binder, La Joie de Lire, coll. « La petite bibliothèque de S. Corinna Bille », 78 p., 14,90 € — Imprimé en Lettonie

 

Susanna Davidson et Rosie Dickins, Contes de filles intrépides et incroyables des mythes grecs

Les jeunes lectrices (leurs frères et leurs cousins aussi, bien sûr !) feront ici connaissance avec les déesses et les héroïnes venues du plus lointain monde grec, celui des mythes et des légendes. Gaïa, Déméter et Perséphone, Psyché, Daphné, Circé, Artémis et Athéna, sans oublier Pénélope et Atalante, elles sont toutes différentes, porteuses de valeurs féminines éternelles : courage, énergie, vertu, élégance morale mais n’oublions pas quelques talents de magicienne ou un certain don pour ruser… bien nécessaires ! Les illustrations, très ensoleillées, transportent dans une Grèce estivale : il n’y manque que le parfum du thym et de l’hysope. La mise en page, très aérée, invite à la lecture et facilitera l’entrée dans ce monde un peu étrange mais si captivant de la mythologie grecque.

Dès 8 ans

Susanna Davidson et Rosie Dickins, Contes de filles intrépides et incroyables des mythes grecs, illustrations de M. Lechuga, M. Lee-Mackie, J. Bloggs, W. Pink, Usborne, 2022, 160 p., 16,50 € — Traduit de l’anglais par Nathalie Chaput et Claire Lefebvre. Imprimé aux Emirats Arabes Unis.

Alex Haridi et Cecilia Davidsson, Moomin et le chapeau magique

Moomin « ne savait pas ce qu’il cherchait, juste que ça devait être quelque chose d’exceptionnel. Quand il aperçut un chapeau haut de forme, il sut que c’était ça.
— Il est si beau ! dit Moomin. Papa le voudra sûrement.
— Attends, dit Mumrik en touchant prudemment le grand chapeau. Ça ne m’a pas l’air d’être un simple chapeau. »
Faisant fi de toute prudence, nos jeunes amis rapportent ce chapeau à la maison – et, bien sûr, les aventures les plus loufoques vont s’enchaîner. Mais à qui appartient-il au juste, ce chapeau ?
Les Moomins vont partie de l’imaginaire des petits Suédois, au même titre, par exemple, que Babar chez nous. Créés par Tove Jansson (1914–2001), ces trolls aussi attachants que loufoques continuent à vivre, portés par la créativité de jeunes artistes suédois férus de nature et de fantaisie.

Dès 5 ans

Alex Haridi et Cecilia Davidsson, Moomin et le chapeau magique, illustrations de Cecilia Heikkilä, Cambourakis, 2022, 14,25 € — Traduit du suédois par Catherine Renaud. Imprimé en Lettonie.

James Matthew Barrie, Peter Pan dans les jardins de Kensington

« Il a toujours le même âge, cela n’a aucune espèce d’importance. Son âge est une semaine, et quoiqu’il soit né depuis bien longtemps, il n’a jamais eu d’anniversaire, et il n’a pas la moindre chance d’en avoir jamais. La raison de cette anomalie c’est qu’à l’âge de sept ans, il a abandonné la condition d’homme ; il s’est échappé par la fenêtre et s’est sauvé dans les Jardins de Kensington.
Si vous croyez que c’est le seul enfant qui ait jamais voulu s’échapper, c’est la preuve que vous avez complétement oublié votre enfance. »
Mais qui est cet étrange personnage ? Peter Pan, bien sûr ! Mais à quel âge se terminait « votre enfance » quand on sait que ce récit faisait la joie des jeunes lecteurs qui le découvrirent en 1906 ? Avant de s’envoler pour le Pays imaginaire en compagnie de Wendy, ce petit garçon qui ne voulait pas grandir vit de multiples aventures dans les Jardins de Kensington, au cœur de Londres. Il parle aux oiseaux, apprivoise les fées par sa musique et navigue sur la Serpentine en affrontant des tempêtes.  J.M. Barrie avait confié à Arthur Rackham (1867–1939), l’un des plus grands illustrateurs anglais, le soin d’insuffler à ce chef‑d’œuvre littéraire une dimension picturale et fantastique. À travers 50 aquarelles superbement reproduites par les soins de la BnF, cet ouvrage restitue la beauté et le raffinement de l’édition originale, dans la tradition des « gift books » de l’ère édouardienne. Un cadeau hors du temps…

Dès 9 ans

James Matthew Barrie, Peter Pan dans les jardins de Kensington, illustrations d’Arthur Rackham, Bibliothèque nationale de France, 2022, 128 p., relié, 19 € — Traduit de l’anglais. Imprimé en Italie

Hans Christian Andersen, La Reine des neiges

« “Que c’est donc amusant !” disait le Diable en contemplant son ouvrage. Lorsqu’une pensée sage ou pieuse traversait l’esprit d’un homme, le miroir se plissait et tremblait. » Car c’est « un vilain merle, le plus méchant de tous, le Diable ». Et voilà qu’un infime morceau de ce miroir va pénétrer dans l’œil du jeune Kay, un bien gentil petit gars de ce Danemark des légendes. Son amie Gerda parviendra-t-elle à le sauver ? Ce célèbre conte d’Hans Christian Andersen est ici donné dans son texte intégral et dans une belle traduction de 1845, soit juste un an après la parution en danois. Plus tard, le « merle » redeviendra un « troll », mais peu importe…
Les superbes illustrations, très actuelles, d’Aliocha Gouverneur jouent sur de multiples registres, elles s’inspirent des traditions nordiques et slaves mais sans « folklorisme », mais aussi de l’Art Nouveau comme de l’expressionnisme.

Dès 8 ans

Hans Christian Andersen, La Reine des neiges, illustrations d’Aliocha Gouverneur, Albin Michel, 2022, 92 p., 24,90 € — Traduit du danois par Ernest Grégoire et Louis Moland. Imprimé en Espagne