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Max Ducos, Le Carnaval des dragons

Qui dit carnaval, dit défilé de chars. Qui dit Draguignan, dit aussi dragon. Et qui dit album pour enfants, dit aussi créativité et bricolage, humour et suspens. Donc… donc un beau matin, « la maîtresse » a eu l’idée de faire fabriquer un dragon à ses élèves, ce qui occupe joyeusement les premières pages de cet album. La suite raconte la grande parade des dragons, et quels dragons, venus du monde entier ! Le premier s’envole, le second prend feu, le suivant est riquiqui… et ainsi de suite, je ne vous raconte pas tout. Le maire s’en arrache les cheveux ! Qui sauvera la situation ? Qui suscitera les applaudissements des Dracénoises et des Dracénois ? Devinez un peu !
Les enfants accrochent très vite à cette histoire, aussi drôle que vraisemblable ; les illustrations sont très colorées, la narration très rythmée, avec une accumulation de situations comiques et une fin « qui finit bien ». A vous de dessiner le plus beau des dragons !

Dès 4 ans

Max Ducos, Le Carnaval des dragons, Sarbacane, coll. « Les Petits Albums », 2021, 48 p., 6,50 € — Imprimé en France (paru en grand format en 2010)

Simon Priem, De bouche à oreille

« “Allez, Martin, il est l’heure de se brosser les dents et d’aller se coucher !”
Mais Martin, tout occupé au jardin, fait la sourde oreille… Qui va réussir à le motiver ? L’arbre, qui dit à l’oiseau : « Oiseau, fait passer ! Allez Martin, il est l’heure de brosser les bancs et d’aller se moucher ! ». Ou ses comparses du jardin ? Oiseau, sauterelle, grenouille, hérisson, poule, coccinelle… Ils vont tous faire passer un message – mais pas tout à fait le même, et toujours plus drôle – sur le mode du « téléphone sans fil’ » ou jeu du téléphone arabe. « Allez, Martin, il est l’heure de coiffer les champs et d’aller se loucher ! », dit l’oiseau à la sauterelle, qui elle, dit à la grenouille : « Allez, Martin, il est l’heure d’ébouriffer les gens et d’aller s’essouffler ! » La poésie et les jeux de mots nous emmènent doucement vers une fin presque philosophique que je vous laisse découvrir, si ces virelais n’ont pas déclencher avant un fou rire familial ! Des illustrations très colorées et une mise en page très sobre laissent la place à l’imaginaire des enfants, qui sauront trouver une suite : quand il s’agit de ne pas aller se coucher, tout est permis, ou presque.

Dès 4 ans

Simon Priem, De bouche à oreille, illustrations de Marta Orzel, Sarbacane, 2023, 40 p., 14,90 € — Imprimé en France

Didier Lévy, Hanabishi

Le Japon n’est pas seulement le pays des mangas. C’est aussi celui des feux d’artifice ! Créer un feu d’artifice est un art. Un métier dangereux réservé aux hommes, les hanabishi — métier qu’exerce pourtant la grand-mère de la narratrice, seule dans un monde d’hommes. La petite fille est curieuse : elle voudrait apprendre et comprendre, mais sa propre mère lui a interdit d’approcher tout ce qui risquerait d’exploser. Pas question qu’elle y laisse un doigt, comme sa grand-mère ! Mais si le ciel n’était pas seulement la toile sur laquelle se déploient ces superbes feux d’artifice ? Le ciel, raconte grand-mère, ce sont aussi des étoiles, ce cosmos encore à peine exploré… Une autre passion que la jeune fille va bien vite développer.
Ce conte moderne illustré avec finesse et élégance par Clémence Monnet permet d’évoquer le rôle bienveillant des adultes : il n’est pas toujours facile d’aider les enfants à trouver leur voie !

Dès 6 ans

Didier Lévy, Hanabishi, illustrations de Clémence Monnet, Sarbacane, 2022, 32 p., 16,50 € — Imprimé en France

Mathias Jeschke, Une bouteille à la mer

Mathias Jeschke, Une bouteille à la mer

« J’avais jeté une bouteille à la mer. Marius l’avait trouvée et m’avait écrit en retour. Entre ces deux moments, plus de dix ans s’étaient écoulés », et la bouteille avait parcouru pas moins de 400 miles marins (soit 750 kilomètres), tout au long des côtes de Norvège. Cette bouteille, c’est aussi le début d’une belle amitié entre le narrateur et ce jeune Norvégien qui n’était pas né quand la bouteille avait, par jeu, était lancée par-dessus bord.
Au fil des pages – j’allais dire des vagues -, on en apprend aussi un peu plus sur le Gulf Stream, le jour polaire ou l’alphabet morse. Les dessins au crayon sont gais et lumineux, les enfants sont emmitouflés dans de superbes jacquards et les canots sont rutilants.
Mais cette « bouteille à la mer », pour ceux qui aiment les eaux plus profondes, est un de ces contes qui posent de belles questions sur le hasard, l’immensité, le temps, l’espoir, l’amitié. Bref, sur la grande aventure de la vie. Vue d’Allemagne par un théologien heureux.

A partir de 5 ans

Mathias Jeschke, Une bouteille à la mer, illustrations de Katja Gehrmann, Sarbacane, oct. 2010, 32 p., 15,50 €

Fabrice Colin, Le Roi et l’Enfant

« Gaspard s’était toujours imaginé chevalier. Mais c’était un rêve qu’il gardait enfoui au plus profond de lui. Il n’était qu’un modeste palefrenier, un orphelin sauvé par les bontés du Roi. » Gaspard, 10 ans, a tout de même la chance de vivre dans un Moyen-Age légendaire, auprès de chevaux somptueusement dessinés — portraiturés, disons le mot – par le crayon d’Eloïse Scherrer.
Un matin, le Roi lui-même entra dans les écuries.
« Mon garçon.
Gaspard sursauta. Le Roi ! Le vieux Roi en personne se tenait là, avec ses sourcils en broussaille et son épée plus lourde que la pierre.
— Sire…, murmura l’enfant en posant un genou à terre.
Le monarque lui fit signe de se relever.
— Nous partons en voyage. »
Nous voilà (discrètement ?) montés en croupe derrière Gaspard pour un extraordinaire voyage ! Pourvu qu’Henry, son ami crapaud, et Odile, sa cigogne tutélaire, nous tolèrent tout au long de cette chevauchée initiatique ! Le conte parlera aussi aux plus grands avec ses évocations des paradis perdus et retrouvés, par son approche de la mort et de la transmission des valeurs. Une réussite à saluer, servie par les superbes illustrations d’Eloïse Scherrer – qui, d’un grand sourire, vous dédicace son album d’un délicieux petit cheval ! N’hésitez pas à la rencontrer au gré de ses signatures

Dès 6 ans

Fabrice Colin, Le Roi et l’Enfant, illustrations d’Eloïse Scherrer, Sarbacane, 2021, 48 p., 16,90 € — Imprimé en France

Simon Grangeat, Sorcières

Dans le petit bois, chante Nina, « il y a des sorcières ! Des sorcières ! Des sorcières !
Pierre ne croit pas aux sorcières. C’est un scientifique : il ne croit que ce qu’il voit. »
D’ailleurs, il connaît chaque fleur, chaque insecte, par son nom, libellule, coléoptère ou salamandre. C’est un calme, un observateur. Nina, elle, saute parmi les flaques et ne craint ni les arbres gigantesques ni leurs longues branches en forme de doigts crochus. Elle vit depuis peu au village, chez sa grand-mère qui lui a appris de très anciennes chansons.
Ensemble, les deux enfants s’enfoncent dans la forêt et découvrent une mare étrange. Pour Nina, aucun doute : c’est une mare à sorcières. Pff, fait Pierre, l’incrédule. La petite entonne alors l’un des airs de sa grand-mère. Et la forêt devient vivante…
Alors ? Par qui serez-vous ensorcelés ? Par le récit de Simon Grangeat, dont les mots tissent de savants liens entre le réel et l’imaginaire, ou par les dessins de Cédric Abt, dont l’univers sensible et poétique mêle couleurs et rêveries d’enfants ?

Dès 4 ans

Simon Grangeat, Sorcières, illustrations de Cédric Abt, Sarbacane, 2022, 40 p., 16,50 € — Imprimé en France

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle (adaptation)

« “Un petit d’homme ! jappa-t-il. Il y a un petit d’homme !”
presque sous son museau se trouvait un bébé à la peau sombre, tout juste en âge de marcher. Le bébé leva la tête vers Rama et éclata de rire.
“C’est donc ça, un petit d’homme ? dit Raksha. Amène-le par ici !”
Alors, de la même façon qu’il aurait porté un de ses quatre louveteaux, Rama prit délicatement Mowgli dans sa gueule et le déposa parmi les petits loups. Aussitôt, l’enfant se mit à boire le lait de Raksha. La louve leva ses deux yeux vers et dit à Rama :
“Il est aussi frêle qu’une grenouille. Nous l’appellerons Mowgli. ” »
Que d’aventures suivront, avec l’ours Baloo et la panthère Bagheera, face au peuple des singes et aux griffes de Shere Khan !
Le charme de cet album vient en grande partie des illustrations, à cent lieues de celles des dessins animés : des tons bleutés, roses, orangés, violines, un trait fin et délicat, des compositions à l’équilibre subtil : la jungle de Florian Pigé est une jungle de rêve, une jungle de papier peint, et qui pourtant n’entre pas en conflit avec le texte. Celui-ci est une adaptation respectueuse à la fois de l’auteur et des jeunes lecteurs, dans une langue fluide et bien rythmée.

Dès 6 ans

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, illustrations de Florian Pigé, traduction et adaptation de Thibault Vermot, Sarbacane, 2022, 64 p., 16,90 € — Imprimé en France

Mark Twain, Tom Sawyer détective

« Voilà, c’était le premier printemps depuis que moi et Tom, on avait libéré notre vieux nègre Jim. Ils l’avaient mis aux fers, pour le punir de s’être sauvé, là-bas chez l’oncle de Tom, Silas, qui a une ferme dans l’Arkansas. » Et l’Arkansas, ce n’est pas tout à fait voisin du Mississippi, que le narrateur, le jeune Huck, regarde au loin en rêvant. Et pourtant, Tom et lui vont y retourner. Ils vont voler au secours de leur oncle, le pasteur Silas, persécuté par son voisin Brace Dunlap et son frère Jubiter. Lors de leur descente du Mississipi en bateau à aube, ils croisent un étrange passager, qui n’est autre que le jumeau de Jubiter – lui-même poursuivi par deux complices auxquels il a dérobé une paire de diamants… Une double enquête commence pour nos héros inséparables : retrouver les diamants et élucider le meurtre de Jubiter, commis la nuit même de leur arrivée chez l’oncle Silas.
Ce court roman, paru en 1897, et dont la dernière traduction datait de 1902, est l’un des trois qui a suivi le succès des « Aventures de Tom Sawyer » puis des « Aventures de Huckleberry Finn ». Cette nouvelle traduction dans une belle langue sonore et créative, savoureuse et drôle, rapproche le jeune lecteur de cette Amérique si étrange du XIXe siècle. Christel Espié a réalisé de vrais tableaux vibrant de lumière, comme il est de coutume dans cette belle collection littéraire.

Dès 10 ans

Mark Twain, Tom Sawyer détective, illustrations de Christel Espié, Sarbacane, 2020, 96 p., 19,90 € — Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne-Sylvie Homassel. Imprimé en France

Lionel Tarchala, Là-haut sur la montagne…

Lionel Tarchala, Là-haut sur la montagne…

« Petit Homme Poilu aime se balader dans la montagne, il trouve ça au poil !
Grosse Bête Velue aime le regarder allumer le feu pour se réchauffer, et aussi faire bouillir l’eau pour le thé. Il aimerait bien goûter à cette boisson à l’odeur délicate. » Car Grosse Bête Velue a le nez fin ! Bien cachée, elle observe ce vieil homme dont on devine le bon sourire sous la barbe blanche… et va lui jouer des tours à sa façon, histoire de savoir si nos deux comparses peuvent être « amis pour la vie ». Jouant des bleus, des orangés et d’un trait malicieux, Lionel Tarchala invite le jeune lecteur à partager des aventures dignes d’un western – mais sans pistolet ni « vrais » méchants. Il ne reste qu’à réviser une comptine toute simple et à accepter quelques chatouilles avant de se blottir sous la couette… ou de s’allonger sous les étoiles.

Dès 5 ans

Lionel Tarchala, Là-haut sur la montagne…, Sarbacane, 2021, 40 p., 14,90 € — Imprimé en France

Géraldine Collet, Hirondelle

Qui a eu la chance de voir les bébés hirondelles quitter leur nid et s’essayer à d’audacieux loopings ? Qui saura compter les oiseaux sur les fils électriques, prêts à repartir pour les pays lointains en emportant avec eux nos rêves de soleil ? Comme pour les titres précédents de ce duo créatif, la lecture est ludique et interactive, grâce au jeu des rabats qui ménage un temps d’arrêt dans la narration, et une surprise à chaque double page.

Tout-petits

Géraldine Collet, Hirondelle, illustrations d’Olivia Cosneau, Sarbacane, 2020, 16 p. avec rabats, 12,50 € — imprimé en Malaisie

Alain Serge Dzotap, Capitaine bébé !

Alain Serge Dzotap, Capitaine bébé !

« Capitaine Bébé enfile sa combinaison, met ses bottes et son casque, et il démarre son gros camion de pompiers. C’est l’heure de sa tournée. Il doit s’assurer que tout va bien. » Mais si tout allait bien, il n’y aurait pas d’histoire à raconter ! Justement, « il y a le feu dans la boutique de madame Girafe ! ». Pin-pon, pin-pon… Le camion rouge de Capitaine Bébé traverse la page, toutes sirènes hurlantes ! Oh, oh, comment dire ? Est-ce vraiment la lance à incendie qui a mis de l’eau partout ? Capitaine Bébé aurait-il… fait pipi au lit ? Une approche originale et vraiment amusante de ces petits malheurs, sous la plume d’Alain Serge Dzotap, auteur camerounais. Les dessins de Brice Postma Uzel s’inspirent avec succès des pochoirs de l’école russe – on pense à Natalie Parain ou à Hélène Guertik.

Dès 3 ans

Alain Serge Dzotap, Capitaine bébé !, illustrations de Brice Postma Uzel, Sarbacane, 2021, 32 p., 13,90 € — Imprimé en Italie

Carl Norac, La Terrible Histoire de Petit Biscuit

Petit Biscuit, Munchy de son prénom, est né dans la célèbre pâtisserie Munch. Il fait partie de l’assortiment royal et a même la chance de posséder deux jambes. Un beau matin, sa décision est prise : « Bon, les voisins, je ne sais pas ce que vous faites, mais moi, je m’en vais ! » Et le voilà filant à l’anglaise en compagnie d’un Saint-Nicolas, qui, la porte juste franchie, se fait écraser – scroutch, plus de Saint-Nicolas ! Elle commence bien mal, cette histoire… Petit Biscuit va vivre de terribles aventures, et même s’il est consolé par une charmante Madeleine, il n’en finira pas moins croqué… et par qui ? Par son créateur, qui le ramasse sur le trottoir — beurk ! Un Carl Norac au mieux de sa forme, croqué, lui aussi, par le crayon de Magali Le Huche. Une terrible histoire, aussi cruelle et décalée que certains contes d’Andersen, à raconter avant ou après le goûter, selon l’appétit de vos jeunes lecteurs. Qui, espérons-le, ne s’en étrangleront pas de rire ! Et vous, lequel auriez-vous croqué ? La Madeleine, un Nullo phosphorescent, le Old Clown, le Biscuit Militaire ou Mademoiselle Choco-Mousse ?

Dès 5 ans

Carl Norac, La Terrible Histoire de Petit Biscuit, illustrations de Magali Le Huche, Sarbacane, 2020, 36 p., 15,90 €