Mot-clef

Plein Vent

Jean-François Vivier, Caroline Aigle

« Première femme pilote de chasse en escadron de combat », dit le sous-titre de cette BD Témoignage. Mais la courte vie de Caroline Aigle (1974–2007), c’est beaucoup plus que cela. Polytechnicienne, sportive accomplie, elle aurait pu passer sa vie dans un bureau. Non, elle choisit l’armée, l’armée de l’air : en mai 1999, le lieutenant Caroline Aigle se voit remettre son brevet de pilote de chasse. Un grand coup de pied dans l’institution militaire !
Mariée en 2002, mère de famille d’un petit garçon en 2005 : la vie lui sourit toujours, le ciel est toujours aussi vaste. Et la voilà qui rêve de devenir spationaute, sur les traces de Claudie Haigneré.
Début 2007 : elle apprend en même temps qu’elle attend un second bébé et qu’un grain de beauté, qui semblait inoffensif, recèle des cellules cancéreuses. Opération. Repos. Mais tout s’accélère, le cancer évolue à grand vitesse. Le choix de Caroline force l’admiration : elle refuse une chimio, et garde son bébé, aussi longtemps que possible. Le 3 août, elle donne naissance, prématurément, à Gabriel. Le 31 août, elle s’éteint dans les bras de son époux. Celui-ci, contacté en 2022 par Jean-François Vivier, a accepté de témoigner, en souvenir de cette courte vie, qui, jusqu’à la fin, a été conforme à sa devise : « Toujours aller de l’avant ! ». Les dessins de Francesco Rizzato réussissent ce tour de force d’être parfaitement documentés quand il s’agit de peindre les avions, et d’une grande délicatesse quand il retrace les épreuves vécues par Caroline et sa famille.

Dès 12 ans

Jean-François Vivier, Caroline Aigle, dessins de Francesco Rizzato, Plein Vent, 2023, 48 p., 15,90 € — Imprimé en France

Anne Riolet, Juliette et la Grande Guerre – Le réseau des Flandres

Juillet 1915 : plus question pour Juliette de sillonner le front en uniforme d’infirmière au volant de son automobile (voir le tome 1 de ses aventures) ! Ses parents ont décidé qu’elle passerait l’été de ses seize ans en famille à Bellignies, à la frontière franco-belge. La mort dans l’âme, Juliette se prépare à vivre deux mois d’ennui dans le château de sa tante. C’est sans compter sur la curiosité naturelle de la jeune fille…
Aussi Juliette se trouve-t-elle de nouveau dans l’œil du cyclone de la guerre en s’aventurant dans un combat dangereux, celui de l’espionnage et de la clandestinité. Passage de frontière, messages secrets, hébergement de soldats anglais… avec, parfois, la complicité d’un officier allemand francophile.
Avec sa fougue et son audace habituelles, Juliette se lance dans l’aventure, vite rejointe par Émile et Charles, ses plus fidèles amis. Pourtant, la guerre n’est pas un jeu et les jeunes gens vivent sans cesse sous la menace d’une arrestation qui peut leur être fatale…
Anne Riolet, agrégée d’histoire-géographie, a très finement introduit ses personnages dans le cours réel de la Première Guerre mondiale, en leur faisant notamment rencontrer des héroïnes telles Marie de Croÿ, Louis Thuliez et Edith Cavell.

Dès 12 ans

Anne Riolet, Juliette et la Grande Guerre – Le réseau des Flandres, Plein Vent, 2023, 240 p., 12,90 € — Imprimé en France

Pierre-Emmanuel Dequest, L’appel de la forêt

Une belle bête, ce Buck, un chien volé, qui n’a jamais été attaché. Qu’à cela ne tienne, Buck va passer entre les mains d’hommes sans foi ni loi, avant d’être revendu à un aventurier partant pour le Klondike. Dès les premières pages de cette bande dessinée, Pierre-Emmanuel Dequest plonge le lecteur dans l’atmosphère violente et sans pitié de la ruée vers l’or de 1896.
Adaptant le célèbre roman de Jack London, il décrit en images somptueuses cette vie âpre et dure, où la cruauté des hommes répond à un monde sauvage et sans limites. Buck, chien domestique attelé à un traîneau, va connaître le supplice de la piste et devoir s’adapter pour survivre. Quand son maître disparaît, c’est dans une meute de loups qu’il va trouver sa place. A lire aussi, l’adaptation de Croc-Blanc par Pierre-Emmanuel Dequest, qui raconte le cheminement inverse, du chien-loup sauvage vers sa domestication.

Dès 10 ans

Pierre-Emmanuel Dequest, L’appel de la forêt, dans les traces du loup, d’après l’œuvre de Jack London, Plein Vent, 2023, 48 p., 15,90 € — Imprimé en France

Marie Malcurat, Les disparus du Colisée

Après avoir vécu des aventures mémorables sur la Grande Muraille de Chine, au cœur du Machu Picchu et aux pieds du Christ Rédempteur de Rio, Felipe, Gustavo et Clara se retrouvent à Rome. Que va leur réserver la Ville Éternelle ? Trouveront-ils le 4e sceau ? Pour cela, ils doivent résoudre une énigme : qui en veut aux chats du Capitole ?
Ce roman, accessible aux lecteurs juste débrouillés, sous prétexte d’enquête policière, invite à une belle visite de Rome, en donnant une part importante à l’architecture, tant antique que religieuse. Mais on y déguste aussi pizzas et glaces !

Dès 7 ans

Marie Malcurat, Les sept nouvelles merveilles du monde, tome 4 : Les disparus du Colisée, illustrations de Claire Delvaux, Plein Vent, 2022, 64 p., 6,90 € — Imprimé en France

Anne Riolet, Juliette et la Grande Guerre – Un ruban dans les tranchées

Sur les rives de la Meuse, en ce début d’été 1914, jeunes filles et jeunes gens de bonne famille, insouciants, canotent, jouent au tennis, se font gentiment la cour… Mais le tocsin fait vibrer la campagne. La guerre… La jeune Juliette Marsay, qui a appris à conduire en cachette de ses parents, ne va pas passer l’hiver à tricoter des mitaines dans un ouvroir – la voilà au volant, tournant la manivelle entre deux taxis parisiens partis vers la Marne. Quand son ami Émile est porté disparu, elle ne se résigne pas et sa vie prend un nouveau tournant : elle rejoint Marie Curie au volant d’une ambulance.
Je vous présentais récemment Disparu sur le front de Peggy Boudeville, dont le héros est un jeune adolescent. Les deux romans ont pris le même angle narratif : la recherche d’un disparu sert de fil conducteur, et permet de s’approcher du conflit en gardant un mince espoir. Ils montrent tous les deux le courage des civils autant que celui des soldats, mais insistent plus sur leur vie quotidienne faite de souffrance et d’abnégation que sur la vaillance au combat. Une belle réflexion sur ce conflit fratricide qui a « fait grandir trop vite nos enfants », comme doit bien l’admettre le père de Juliette.

Dès 12 ans

Anne Riolet, Juliette et la Grande Guerre – Un ruban dans les tranchées, Plein Vent, 2022, 226 p., 12,90 € — Imprimé en France

Jean-François Vivier, La patrouille du Faucon – Drame en Dordogne

Pour Léo et sa patrouille, le camp d’été s’annonce magnifique avec la descente de la Dordogne en radeau. Charlie, qui est maintenant bien intégré à la patrouille du faucon (voir le tome 1, Vol à la Grande Chartreuse), va vivre un moment fort de la vie scoute : la promesse. Mais, les événements pourraient bien se gâter, avec l’arrivée de nuages noirs.
En effet, comme leur annonce un gendarme, « le préfet a déclenché l’alerte inondations. Vous ne pouvez pas aller plus loin. » Le temps d’arrimer les radeaux, et les scouts rejoignent un gymnase, bien déçus de ne pouvoir continuer leur aventure. Mais l’eau monte encore… Les radeaux et surtout le courage et l’énergie de la patrouille vont être mis à l’épreuve de la « vraie vie » ; il s’agit en effet de sauver des vies…
Adepte de la ligne claire, Romuald Gleyse donne des visages et des silhouettes très sympathiques aux jeunes héros de cette bande dessinée scoute.

Dès 8 ans

Jean-François Vivier, La patrouille du Faucon – Drame en Dordogne, illustrations de Romuald Gleyse, Plein Vent, 2022, 48 p., 14,90 € — Imprimé en France

Coline Dupuy et Davide Perconti, Jehanne d’Arc

À l’aube de sa mort, le 30 mai 1431, Jehanne d’Arc reçoit la visite d’un dominicain, Frère Martin Ladvenu, et lui confesse sa vie. Vers l’âge de 13 ans, tandis que le royaume de France est sous la domination des Anglais alliés aux Bourguignons, cette jeune fille de Lorraine est missionnée par des « voix », celles de l’archange saint Michel, de sainte Catherine d’Alexandrie et de sainte Marguerite d’Antioche. Celles-ci lui annoncent qu’elle devra délivrer Orléans et faire sacrer le dauphin Charles VII. Ayant obtenu quatre ans plus tard une petite troupe du capitaine de Vaucouleurs, Jehanne commence alors sa célèbre épopée…
Bravant le secret de la confession pour que nous puissions entendre la voix de Jeanne, l’artifice littéraire plutôt convenu est vite oublié au bénéfice d’un rythme toujours soutenu. Le lecteur passe sans à‑coup  — mais non sans nostalgie — des souvenirs de Jeanne aux dialogues des personnages mis en scène par Davide Perconti. Il donne à Jehanne une silhouette et un visage où la fraîcheur, la volonté, le courage et la foi s’expriment sans mièvrerie aucune. Les dessins et la mise en page sont sobres, d’une grande clarté, jusque dans le choix de la typographie, ce qui rend l’ouvrage aisément lisible par des enfants. Le scénario, dû à Coline Dupuy, transpose en BD Le Roman de Jeanne d’Arc de Philippe de Villiers, en gardant une langue soutenue et parfois imagée : « Nous serons une chevalerie, pas une crapaudaille », explique ainsi la Pucelle à « messieurs les capitaines », sous les murs de Blois. Les pages de garde présentent une carte du royaume de France en 1430, avec le parcours de Jehanne.

Dès 10 ans

Coline Dupuy et Davide Perconti, Jehanne d’Arc, Plein Vent, 2022, 48 p., 14,90 € — Imprimé en Lettonie

Véronique Duchâteau, Le Sable et la Croix, tome 1 : Le Krak des chevaliers

« J’ai soif. […] Pourquoi suis-je ici ? Comment moi, fils d’un comte du royaume de France, je me retrouve à des milliers de kilomètres dans la plus grande forteresse de la chrétienté, à l’extrémité de cette Terre Sainte ? » Le récit, qui se déroule en l’an de grâce 1188, est encore un peu incohérent, car Benoît de Saint-Loup, le narrateur, a pris un mauvais coup et se réveille à peine. Dans la nuit, les hommes de Saladin ont réussi à s’introduire, par ruse, dans l’immense forteresse qui se dresse aux avant-postes de la chrétienté : le Krak des chevaliers.
Véronique Duchâteau mène ce roman d’aventure à plein galop. De l’enfance du jeune Benoît à son retour de la croisade, elle dresse un portrait dynamique d’un jeune chevalier que le destin amène à devenir moine hospitalier. Animé d’une forte composante religieuse, le roman s’articule autour d’une immense aventure humaine, celle des Croisades face aux visées expansionnistes de Saladin, « rassembleur des croyants ».

Dès 10 ans

Véronique Duchâteau, Le Sable et la Croix, tome 1 : Le Krak des chevaliers, Plein Vent, 2021, 198 p., 9,90 € — Imprimé en France

Viviane Koenig, Anubis et les pilleurs de tombe

« Au voleur ! Au voleur ! hurle Mérêt, une grand-mère toujours prête à raconter de jolies histoires aux enfants.
— Pendant que j’écoutais l’envoyé du Palais, dit-elle, on m’a dérobé le bracelet qui venait de ma mère. Je l’avais laissé à la maison et il a disparu ! »Il faut dire que l’envoyé du Palais avait une nouvelle tout à fait extraordinaire à annoncer au village : la mort du pharaon Toutankhamon ! Une nouvelle qui bouleverse la vie animée de Set-Maât ! Pour les jumeaux Satis et Néfer, dix ans, une nouvelle aventure commence… D’autant plus qu’un chacal noir rôde aux alentours. Un chacal, ou le dieu Anubis, protecteur des tombes et des cimetières ? Brr… Voilà un roman qui va faire frémir les jeunes égyptologues : auront-ils le courage de suivre Satis et Néfer au fin fond des tombes royales ? Viviane Koenig signe ici une enquête policière qui invite à voyager dans l’histoire. En supplément, jeux et quiz.

Dès 8 ans

Viviane Koenig, Anubis et les pilleurs de tombe, coll. « Les petits détectives de l’Antiquité », Plein Vent, 2021, 120 p., 8,50 € — Imprimé en France