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Joe Todd-Stanton, Jules et le renard

Jules est un souriceau, ou un petit loir, qui vit tout seul dans son terrier. « Et il était heureux ainsi », ne cherchant guère la compagnie des autres animaux des terriers voisins. « Mais Jules ne savait pas que quelqu’un le surveillait. » De ce quelqu’un, nous ne voyons qu’un œil immense caché dans le feuillage – avec un peu d’orangé autour. Ce renard (oui, chacun l’aura deviné), « rusé et malicieux », comme tous ses congénères, et affamé, essaya d’entrer chez Jules par la fenêtre. Mal lui en prit, car s’il se retrouva le museau à l’intérieur, le reste de son individu resta bel et bien coincé au dehors. La suite ? A vous de la découvrir dans cet album qui a beaucoup plu à Achille (4 ans). Les dessins de Joe Todd-Stanton sont désopilants, passant de plans rapprochés à des frises dynamiques, du dehors au « dedans » et au « dessous » : pendant la lecture des adultes, l’enfant de risque pas de s’ennuyer !

Dès 4 ans

Joe Todd-Stanton, Jules et le renard, L’Ecole des Loisirs, 2019, 36 p., 14 € — Traduit de l’anglais par Isabelle Reinharez – Imprimé en Pologne

Joe Todd-Stanton, La Comète

Adieu, les grands arbres, le chant des oiseaux, les milliers d’étoiles dans le ciel. Le père de Mila change de travail, il faut déménager. Bonjour la grande ville et la foule… Mais « ici, ce n’est pas chez moi. Il y a de grandes tours grises et je ne peux compter que sept étoiles », constate la fillette. Et « dans ma nouvelle école, il y a plein de bêtes sauvages » (tiens, tiens !). Mais un souvenir magnifique berce son cœur : un jour, avant, elle avait vu une comète. Et voilà qu’elle revient !
Le récit bascule alors dans le rêve, pour notre plus grand bonheur – même si Papa ne comprend pas tout de suite la magie des couleurs… Un tendre duo père-fille pour apprivoiser un nouvel environnement. L’album adopte tout en douceur les codes du roman graphique, il faut même faire faire un quart de tour à l’album pour que se dévoile la conclusion : « On a dû venir habiter ici. Mais ensemble, on va en faire notre nouveau chez-nous. »

Dès 4 ans

Joe Todd-Stanton, La Comète, L’Ecole des Loisirs, 2023, 40 p., 14 € — Imprimé en Lettonie. Traduit de l’anglais par Isabelle Reinharez.

Soledad Bravi, Le cadeau d’anniversaire

Pour son anniversaire – comptez bien les bougies, 5 ans, c’est un grand ! – Tomi reçoit un magnifique cadeau. Vu l’emballage dessiné sur la couverture, facile de deviner : c’est un vélo, et en plus, un vélo rouge ! Avec un casque vert. Au fil des pages, nous partageons la joie et l’enthousiasme de ce petit bonhomme. Les dessins, très épurés, respirent la bonne humeur, et cela fait du bien de passer un moment dans la famille toute normale de Tomi, un enfant comme tant d’autres, qui n’a besoin pour être heureux que d’être aimé de ses parents, d’avoir la liberté de faire « 88 fois le tour du pâté de maisons » et de garder son casque neuf sur la tête même dans son bain.

Dès 3 ans

Soledad Bravi, Le cadeau d’anniversaire, L’Ecole des Loisirs, 2022, 46 p., 11 € — Imprimé en Espagne

Marie Tibi, La Fougère et le Bambou

Au soir de sa vie, « un vieil homme » légua deux graines à ses fils : à l’aîné, une graine de fougère ; au cadet, une graine de bambou. « Plantez-les dans la forêt en souvenir de moi. » Si la fougère recouvrit vite le sol, rien ne poussa de la graine de bambou. Ou du moins, pas aussi vite…
Mais le plus jeune des frères ne renonça pas… Et, la cinquième année, voilà qu’une minuscule pousse sortit de terre ! Il lui avait fallu le temps de « faire pousser des racines ».
Sous le crayon de Jérémy Pailler, le jeu graphique fait de ce « vieil homme » et de ses fils trois souris habillées, vivant dans un univers mi-humain mi-souris, ce qui donne un charme un peu vintage à cet album, inspiré d’une fable orientale ou chinoise (qui saura le dire précisément ?). Une belle leçon de vie, de persévérance et d’espoir.

Dès 5 ans

Marie Tibi, La Fougère et le Bambou, illustrations de Jérémy Pailler, L’école des loisirs, coll. « Kaléidoscope », 2022, 40 €, 13,50 €

Astrid Lindgren, Nous, les enfants de l’archipel

Pêcher, nager, bricoler, jouer ou rêver : les îles au large de Stockholm sont le lieu idéal pour toutes les aventures de l’été. C’est sur l’une de ces îles, Saltkråkan, que débarque la famille Melkerson, pour occuper une adorable vieille maison de vacances, la Maison du Menuisier. Il y a le père, Melker, qui trouvera peut-être l’inspiration pour un prochain livre. La belle Malin (comment cela se prononce-t-il ?), à qui les garçons font les yeux doux. Les intrépides Jonas et Niklas, prêts à toutes les audaces. Et le petit Pelle, qui adore les animaux et voudrait tellement en adopter un. Sans oublier les îliens ! Car la famille Grankvist va être une partenaire exceptionnelle, avec ses filles délurées et ses parents bienveillants.
Et combien d’aventures aussi où les animaux ont leur mot à dire ! Des vaches sur un bateau, un corbeau qui parle, le lapin Jocke, l’énorme saint-bernard Bosco, le bébé phoque Moïse, Bibi l’agneau, le petit chien Jum-Jum, qui appartient à un prince charmant – si, si, avant, il était grenouille !Sur l’île de Saltkråkan (ne pas oublier le petit signe sur le å !), « la vie est faite de grandes et de petites surprises qui se suivent comme des petits pois dans une cosse » :  aventures et bricolages, explorations, parties de pêche, plongeons plus ou moins volontaires, une année va passer vite, d’une Saint Jean à l’autre en passant par la visite du Père Noël.
Car, même dans ce paradis, « on vit dangereusement quand on a sept ans. Dans le pays de l’enfance, dans ce pays secret et sauvage, on peut frôler les pires périls et considérer que ce n’est rien de spécial », nous apprend Astrid Lindgren dans ce roman dont a été tirée une série télévisée, Vi på Saltkråkan, en 1964 (les enfants ont des bouilles craquantes !) – mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps une traduction de ce petit bijou ? Une lecture évasion parfaite pour l’été !

Dès 10 ans

Astrid Lindgren, Nous, les enfants de l’archipel, illustrations de Kitty Crowther, L’Ecole des Loisirs, 2022, 17 € — Traduit du suédois par Alain Gnaedig

Cécile Sorin, L’ogre de la librairie

Petite Maya est un peu impressionnée par la librairie où elle entre avec sa maman. Mais pas tant que ça, car elle sait très bien se faire comprendre de la si gentille libraire ! Elle a rendez-vous… mais avec qui ? Avec quelqu’un qui a de bonnes manières : une tasse de thé à la violette, une part de gâteau, un fauteuil confortable… Vous qui lirez cet album, vous l’avez vu avant que son nom ne soit prononcé : c’est bel et bien un ogre ! Un ogre qui va raconter une histoire de princesses (et de petits cochons) – mais jusqu’à la page 15, pas plus loin, après quoi il devra rentrer entre ses couvertures, « une devant, une derrière ». Bien sûr, la fillette repartira le livre sous le bras avec « un ami prêt à se plier en quatre pour la faire rêver et apprivoiser ses peurs ». A nous d’inventer la fin du conte !
Un système de rabats et deux polices différentes, une pour l’histoire, une pour le conte, permettent de jouer facilement sur les deux niveaux. L’ogre est vraiment croquignolet, avec son collant à pois, sa veste à carreaux et son immense, immense barbe – qui ne cache pas deux canines retroussées.
Une belle invitation à rendre visite en famille à sa libraire préférée – et pas forcément entre filles, l’ogre ne croquera ni les papas ni les petits garçons.

Dès 4 ans

Cécile Sorin, L’ogre de la librairie, illustrations de Célia Chauffrey, L’Ecole des Loisirs, coll. « Pastel », 2022, 30 p., 15€

Kallie George, Le petit faon

« Ce matin, maman a aperçu une biche.
Papa et Sara l’ont vue aussi. »
Là, tout près, juste derrière les draps un peu transparents, sur le fil à linge, dans le jardin.
« Pas moi. Je m’habillais toute seule, dans ma chambre. Je rate toujours tout. »
Voilà notre pit’choune bien décidée à la voir, cette biche… Suivons-la au jardin, un grand jardin, avec des sapins, des pommiers, un étang. Mais sommes-nous toujours dans le jardin, ou un peu plus loin, dans cette nature accueillante et douce ? Et là, dans les buissons, qui est-ce qui se fait à peine entendre ?
Les illustrations d’Ellie MacKay, doucement aquarellées et parfois japonisantes, donnent un charme fou à cet album. Un joli conte promenade, idéal en ces jours printaniers où certaines ont la chance de mettre leurs draps à sécher au vent…

Dès 3 ans

Kallie George, Le petit faon, illustrations d’Elly MacKay, L’Ecole des Loisirs, 2022, 13 € — Traduit de l’anglais par Rosalind Elland-Goldsmith

Satomi Ichikawa, Accroche-toi à Maman !

Hier, Rimba a vu « un bébé orang-outan sur le dos de sa maman » — car la fillette vit sur l’île de Bornéo, à la lisière de la plus ancienne forêt tropicale du monde, où se cachent les derniers membres de cette espèce menacée. Le lendemain, quand sa maman lui demande d’aller chercher quelques bananes, elle lève le nez, et aperçoit un « nid » bien étrange… Et voilà le début d’une drôle d’aventure : Rimba va rejoindre Pongo et sa maman. Elle nous fait ainsi découvrir la vie quotidienne de ces grands singes, lors d’une promenade assez mouvementée dans la canopée. Satomi Ichikawa illustre avec humour et finesse cette histoire pleine d’imprévus. Notamment à l’heure du repas : une bouchée de durian, passe encore, mais des fourmis, non merci !

Dès 5 ans

Satomi Ichikawa, Accroche-toi à Maman !, L’Ecole des Loisirs, 2022, 28 p., 13 €

Alain Broutin, Calinours se réveille

« Ohé ! C’est moi, Calinours !
Je suis déjà réveillé.
En attendant le printemps
Je me promène en chantant :
Vive la neige ! Vive le vent ! »
Et c’est parti pour une belle partie de luge, ou plutôt de toboggan sur son « petit derrière ».
Mais qu’en pensent le lièvre, le castor ou l’écureuil ? Le sanglier et la tourterelle ?
Un conte-randonnée très classique (il y a près de 20 ans que Calinours nous régale !), idéal pour passer de l’hiver au printemps. Chez moi, les perce-neige ont déjà laissé la place aux primevères. Alors, vite, aidons Calinours à se réveiller pour de bon.

Dès 3 ans

Alain Broutin, Calinours se réveille, illustrations de Frédéric Stehr, L’Ecole des Loisirs, coll. « Les Lutins », 1992, réédition 2020, 32 p., 5 € — Imprimé en France

Jörg Mühle, On joue, Petit Lapin !

« Où est Petit Lapin ?  — Ici ! » Bien caché derrière son doudou ! Un tour de balançoire, un Splatch ! dans sa petite baignoire, à quoi va encore jouer Petit Lapin ? Ce Petit Lapin est tout aussi facétieux que ses cousins dessinés par Dick Bruna. Libéré du trait années ’60 du ‘papa de Miffy’, et, donc un peu plus coquin mais voué aussi à une belle existence, cet album étant le quatrième d’une série plébiscitée par les bébés.

Tout-petits

Jörg Mühle, On joue, Petit Lapin !, L’Ecole des Loisirs, coll. Pastel, 2022, 20 p., 9 € — Traduit de l’allemand par Svea Winkler-Irigoin

Carl Norac, Lancelove, le chevalier aux mille monstres

Lancelove, monté sur son fier destrier Galopin de Pas-Marrant, n’est pris au sérieux ni par les autres chevaliers ni par la princesse Laudine dont il est secrètement amoureux. Au moment où tous se séparent pour partir à l’aventure, Lancelove annonce qu’il rapportera le Chat-Ours, un animal mi-chat mi-ours (on s’y serait attendu !), que personne n’a jamais trouvé. Le Pays Imaginaire ouvre ses portes à Lancelove (mot de passe : ?Vénéneux1515 !) et c’est parti pour une chevauchée entre monstres, forêts enchantées et dragons – bref, le quotidien de tout chevalier qui se respecte. Une foule de jeux de mots, une once de philosophie (« dans la vie, sans se poser de questions, on n’avance pas ») et hop ! entre une invocation à Saint Chrétien de Troyes et au Chevalier Lorris de Meung, le chat-ours tombe dans l’escarcelle de Lancelove. Il ne reste plus qu’à rentrer et à apprendre quels sont les projets de Laurine. Les illustrations de Juliette Barbanègre sont aussi denses et colorées que l’imagination de Carl Norac, qui se fait un malin plaisir de parodier gentiment les chansons de geste.

Dès 8 ans

Carl Norac, Lancelove, le chevalier aux mille monstres, illustrations de Juliette Barbanègre, L’Ecole des Loisirs, coll. Pastel, 50 p., 13,50 € — Imprimé en Italie.

Inga Moore, Le bibliobus

Inga Moore, Le bibliobus

Quand Elan eut raconté toutes les histoires qu’il connaissait, il alla emprunter des livres à la bibliothèque. Son talent de conteur fit si vite le tour de la forêt que les animaux vinrent de plus en plus nombreux écouter ses lectures. Nouvelle idée de génie : notre Elan trouva, à la casse, un vieux bus (rouge à deux étages, of course) qu’il bricola pour le transformer en bibliobus et distribuer des livres à toute la forêt. Mais voilà…  « On ne sait pas lire, s’exclama Ourse. Alors, Elan lui apprit à lire. Et elle apprit à Blairelle. Qui apprit à Renard. » Et chacun de découvrir le plaisir de lire, chez soi ou entre amis. Quant à Elan, il continua de lire des contes à ses amis, grands et petits, car son talent était inimitable. Cet album est une ode à la lecture, aux livres, à l’amitié, au partage, dans une ambiance douce et feutrée, canapés confortables, scones et mugs fumants, avec cette inimitable touche d’humour 100 % british qui ravira toute la famille à l’heure d’aller au lit – ou au bibliobus.

Dès 4 ans

Inga Moore, Le bibliobus, L’Ecole des Loisirs, coll. « Pastel », 2021, 56 p., 14,50 € — Traduit de l’anglais par Aude Gwendoline.