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Rudyard Kipling

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle (adaptation)

« “Un petit d’homme ! jappa-t-il. Il y a un petit d’homme !”
presque sous son museau se trouvait un bébé à la peau sombre, tout juste en âge de marcher. Le bébé leva la tête vers Rama et éclata de rire.
“C’est donc ça, un petit d’homme ? dit Raksha. Amène-le par ici !”
Alors, de la même façon qu’il aurait porté un de ses quatre louveteaux, Rama prit délicatement Mowgli dans sa gueule et le déposa parmi les petits loups. Aussitôt, l’enfant se mit à boire le lait de Raksha. La louve leva ses deux yeux vers et dit à Rama :
“Il est aussi frêle qu’une grenouille. Nous l’appellerons Mowgli. ” »
Que d’aventures suivront, avec l’ours Baloo et la panthère Bagheera, face au peuple des singes et aux griffes de Shere Khan !
Le charme de cet album vient en grande partie des illustrations, à cent lieues de celles des dessins animés : des tons bleutés, roses, orangés, violines, un trait fin et délicat, des compositions à l’équilibre subtil : la jungle de Florian Pigé est une jungle de rêve, une jungle de papier peint, et qui pourtant n’entre pas en conflit avec le texte. Celui-ci est une adaptation respectueuse à la fois de l’auteur et des jeunes lecteurs, dans une langue fluide et bien rythmée.

Dès 6 ans

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, illustrations de Florian Pigé, traduction et adaptation de Thibault Vermot, Sarbacane, 2022, 64 p., 16,90 € — Imprimé en France

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

Mowgli « se fatiguait beaucoup d’avoir à répéter cent fois la même chose. Mais, comme Baloo le disait à Bagheera, un jour que Mowgli avait reçu la correction d’un coup de patte et s’en était allé bouder :
— Un petit d’homme est un petit d’homme, et il doit apprendre toute… tu entends bien, toute la Loi de la Jungle.
— Oui, mais il est tout petit, songes‑y, dit la panthère noire, qui aurait gâté Mowgli si elle avait fait à sa guise. Comment sa petite tête peut-elle garder tous tes longs discours ?
— Y a‑t-il quelque chose dans la Jungle de trop petit pour être tué ? Non. C’est pourquoi je lui enseigne tout cela, et c’est pourquoi je le corrige, oh ! très doucement, lorsqu’il oublie.
— Doucement ! Tu t’y connais, en douceur, vieux Pied de Fer, grogna Bagheera. Elle lui a joliment meurtri le visage, aujourd’hui, ta… douceur. Fi !
— J’aime mieux le voir meurtri de la tête aux pieds par moi qui l’aime, que de lui voir arriver du mal à cause de son ignorance, répondit Baloo avec beaucoup de chaleur. Je suis en train de lui apprendre les Maîtres Mots de la jungle appelés à le protéger auprès des oiseaux, du Peuple Serpent, et de tout ce qui chasse sur quatre pieds, sauf de son propre clan. Il peut maintenant, s’il veut seulement se rappeler les mots, réclamer protection à toute la jungle. »
Une nouvelle édition du célèbre Livre de la Jungle est toujours un pari – celui-ci est réussi, grâce aux illustrations, frises et divers objets animés interactifs créés par le studio MinaLima, connu pour avoir créé l’univers graphique de la série Harry Potter. Des illustrations qui viendront bien à propos au fil du texte, avec leurs couleurs chaudes et leur inspiration indienne. Dans la traduction historique de Louis Fabulet et Robert d’Humières (1899).

Dès 10 ans

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, illustrations et animations de MinaLima, Flammarion Jeunesse, 2020, 320 p., 28,90 € — Traduit de l’anglais. Imprimé en Chine

Rudyard Kipling, Le Phoque blanc

Rudyard Kipling, Le Phoque blanc

« Kotick, le baby de Matkah, naquit […] tout en tête et en épaules, avec de pâles yeux bleus couleur d’eau, comme sont les tout petits phoques ; mais il y avait quelque chose dans la teinte de son pelage qui le fit examiner de très près par sa mère :
— Sea Catch, dit-elle enfin, notre baby va être blanc !
— Coquilles vides et goémon sec ! éternua Catch, il n’y a jamais eu au monde rien qui ressemblât à un phoque blanc. »
Le jeune Kotick, héros du récit, découvre un jour que les hommes abattent ses congénères par centaines, par milliers. Un long, très long voyage initiatique va lui permettre de trouver une île « où les hommes ne viennent jamais ». Reste à convaincre les autres phoques que cette île n’est pas née de son imagination, qu’elle existe vraiment, et qu’il est possible d’y couler des jours heureux… Le Phoque blanc, ce conte né dans la mer de Behring, fait partie du Livre de la Jungle – qui est loin de se réduire à la seule histoire de Mowgli. Les éditions Magellan ont eu la riche idée de republier la version originale de cette nouvelle, illustrée des somptueux bois gravés de Maurice de Becque, dans la traduction historique de Louis Fabulet et Robert d’Humières. Cet album fera un cadeau apprécié, car il est de plus relié d’une belle couverture cartonnée.

Dès 10 ans

Rudyard Kipling, Le Phoque blanc, illustrations de Maurice de Becque, Magellan et Cie, coll. « Les P’tits Magellan », 2018, 48 p., 15 €. Première traduction originale par Louis Fabulet et Robert d’Humières. Imprimé en France.

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

« Shere Khan rugissait encore dans la nuit, car il était fort en colère que Mowgli ne lui eût pas été livré.
— Oui, tu peux rugir, dit Bagheera dans ses moustaches, car le temps viendra où cette petite chose nue te fera rugir sur un autre ton, ou je ne sais rien de l’homme.
— Nous avons bien fait, dit Akela : les hommes et leurs petits sont gens très avisés. Le moment venu, il pourra se rendre utile. […]
— Emmenez-le, dit-il à Père Loup, et dressez-le comme il sied à un membre du Peuple Libre.
et c’est ainsi que Mowgli entra dans le Clan des Loups de Seconce, au prix d’un taureau et pour une bonne parole de Baloo. »
La version originale en français, intégrale, avec les somptueux bois gravés de Maurice de Becque (1878–1928), est enfin rééditée. Loin des clichés réducteurs d’un texte souvent dénaturé, elle met en valeur les vertus initiatiques de la parole de Kipling, prix Nobel de littérature 1907, que tous les enfants, petits et grands, apprécieront pour ses splendeurs et sa puissance d’évocation.

Dès 8 ans en lecture à deux voix.

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, illustrations de Maurice de Becque, Magellan, 2016, 150 p., 19,80 €. Première traduction originale de Louis Fabulet et Robert d’Humières.

Rudyard Kipling, Histoires comme ça

Rudyard Kipling, Histoires comme ça

Si « L’Enfant d’éléphant » ou « Le chat qui s’en allait tout seul » sont de grands classiques, certaines des « Histoires comme ça » sont moins connues des jeunes lecteurs. Connaissez-vous « Le Refrain du vieux kangourou » ? Cela commence comme cela : « Non, le kangourou n’a pas toujours ressemblé à celui que nous connaissons aujourd’hui. C’était un animal tout à fait différent, un animal à quatre courtes pattes. Il était gris et laineux et fou de vanité. » Et n’avait donc qu’une idée en tête : changer de stature, dans tous les sens du terme. Mais cela ne lui fut pas si facile… et il dut courir, et courir, et sauter, et sauter encore…

Ce superbe volume est illustré des bois gravés de May Angeli, qui n’a pas son pareil pour ensoleiller les pages, les faire vibrer de lumière et d’humour et nous transporter dans cette Inde mythique des récits de Kipling.

Dès 7 ans

Rudyard Kipling, Histoires comme ça, bois gravés de May Angeli, Editions du Sorbier, 2008, 360 p. Edition cartonnée : 29,40 € — Texte intégral.

 

Rudyard Kipling, L’Enfant d’Éléphant

Rudyard Kipling, L’Enfant d’Éléphant

« Mon père m’a donné la fessée, ma mère m’a donné la fessée ; tous mes oncles et tantes m’ont donné la fessée pour mon insatiable curiosité. N’empêche que je veux savoir ce que le Crocodile mange au dîner », explique crânement l’Enfant d’Éléphant – qui n’a pas encore de trompe — à l’Oiseau Kolokolo. Mais un éléphant, ça a le cuir épais – et notre Enfant d’Eléphant de prendre le large pour rejoindre le grand Fleuve Limpopo où, peut-être, il trouvera à satisfaire cette insatiable curiosité.
La Librairie des écoles a confié le soin de cet ouvrage à deux institutrices, enseignant en classe de CP depuis de nombreuses années. Désireuses de transmettre le goût de la lecture à travers des textes de la littérature classique pour enfants, elles ont organisé la maquette en doubles pages : à gauche, le vocabulaire (avec, ici, des définitions de « lugubre », « équinoxe » ou « hétérogène » mais, chers parents, pas encore de  « fessée ») et des questions de compréhension ; à droite, le texte original.
Les dessins de Valérie Stetten, illustratrice animalière, sont à la fois tendres et réalistes. Loin de n’être qu’un manuel de lecture, L’Enfant d’Eléphant invite les jeunes lecteurs à découvrir l’humour d’un grand écrivain.

Dès 7 ans

Rudyard Kipling, L’Enfant d’Éléphant, Librairie des écoles, 2012, 40 p., 7 €
Dans la même collection : La Chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet, La Poupée de Cosette de Victor Hugo, La Petite Fille aux allumettes de H.-C. Andersen

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

« Il était sept heures, par un soir très chaud, sur les collines de Seeonee. Père Loup s’éveilla de son somme journalier, se gratta, bailla et détendit ses pattes l’une après l’autre… » Vous le voyez, ce loup ? Et Mère Louve ? Et Tabaqui le chacal ? Et Shere Khan, le tigre ? Leur vie quotidienne, faite d’affûts et de chasse, va être bouleversée par l’arrivée inopinée d’un « bébé brun tout nu, qui pouvait à peine marcher ». Mowgli, bien sûr. Les gravures sur bois en pleine page de May Angeli sont de véritables œuvres d’art. Papier ivoire, typographie soignée, reliure solide : une très belle édition.

Dès 10 ans

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, illustré par May Angeli, Editions du Sorbier, 2009, 168 p., 21 €. Texte intégral dans la traduction historique de Louis Fabulet et Robert d’Humières.

Rudyard Kipling, Le chat qui s’en allait tout seul

Rudyard Kipling, Le chat qui s’en allait tout seul

« Cela survint et se passa du temps que nos Amies les bêtes étaient encore sauvages. Le Chien était sauvage, le Cheval était sauvage, la Vache était sauvage, le Mouton était sauvage, le Cochon était sauvage. […] Mais le plus sauvage des animaux sauvages était le Chat qui s’en allait toujours tout seul. » Quel plaisir que de varier le ton sur ces litanies, que les enfants reprennent vite en chœur ! L’un après l’autre, emberlificotés par divers sortilèges de la Femme, les animaux se laissèrent domestiquer. Tous, sauf un… car, le Chat, « ni ami, ni serviteur », préféra conserver sa liberté. Et il alla « tout doux, tout doux, à pieds de velours », « en remuant la queue et tout seul »…
May Angeli a privilégié ici des couleurs chaudes et raffinées, et joue savamment des valeurs chromatiques pour contrebalancer l’aspect rustique de la gravure sur bois. Un équilibre très félin, en somme…

A partir de 5 ans

Rudyard Kipling, Le chat qui s’en allait tout seul, avec des gravures sur bois de May Angeli, Éditions du Sorbier, 2009, 24 p., 13,50 €