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Nathalie Parain

Charles Péguy, Jeanne d’Arc, cinq poèmes

Charles Péguy, Jeanne d’Arc, cinq poèmes

Les « Châteaux de la Loire », ce sont ceux qui ont vu passer Jeanne – « Son âme était récente et sa cotte était neuve ». Suivent deux prières : Jeanne y demande un « chef de guerre » capable de « faucher les Bourguignons », avant de prier monsieur saint Michel, madame Catherine et madame Marguerite. Car « mener la bataille, ô je ne le peux pas », oppose-t-elle à leur « voix inoubliable ». Mais, fille obéissante, elle fait néanmoins ses « adieux à la Meuse » et à la maison de son père. Et vient le coup de tonnerre – quels adolescents apprendront par cœur les terribles « Imprécations de Guillaume Evrard » — « Elle ira dans l’Enfer avec les Morts damnés »… Imprécations auxquelles Jeanne répond, de la Tour où, prisonnière, elle se sent abandonnée, douloureuse à jamais. Avant de marcher au supplice.
Les illustrations de Nathalie Parain sont d’une discrétion exemplaire, très fines, d’une élégance qui allie force et douceur.
Ce petit opuscule, en édition originale et d’une fabrication si soignée, a passé quelques années sur les étagères de la bibliothèque d’un collège de Rueil Malmaison. Si l’on en croit la fiche encore glissée dans le livre, il a été emprunté – pour la dernière fois – en 1983 par un élève de 6e.

Dès 12 ans

Charles Péguy, Jeanne d’Arc, cinq poèmes, illustrations de Nathalie Parain, typographie Deberny-Peignot, NRF Gallimard, 1952, 62 p. – En brocante ou chez des libraires de livres anciens. 10 € chez Le Facteur Cheval à Versailles.

Marcel Aymé, Les Contes bleus du chat perché

Marcel Aymé, Les Contes bleus du chat perché

« Aucun enseignant ne vous le dira mais il fut une époque où il fallait juste trois mois à un simple canard normalement constitué pour réaliser le tour de la terre et, un beau matin, revenir pile à son point de départ accompagné d’une panthère. » Un temps magique évoqué ici par le comédien François Morel dans la préface de cette nouvelle édition des Contes bleus. Bien sûr, Delphine et Marinette parlent aussi au cerf, à l’éléphant et au mauvais jars dans des livres de poche – mais, dans une bibliothèque normalement constituée, il y a des œuvres qui ne demandent qu’à défier les années. Cette édition est agrémentée des belles images de Nathalie Parain (1897–1958) qui plaisaient tant à Marcel Aymé, et qui n’ont pas pris une ride. Il faut dire qu’on ne plaisantait pas avec la qualité : les illustrations étaient reproduites en zingographie ou en lithographies imprimées par Mourlot, rien que ça.

Dès 8 ans

Marcel Aymé, Les Contes bleus du chat perché, illustrations de Nathalie Parain, Gallimard Jeunesse, coll. « Bibliothèque », 2013, 208 p., 15,90 €.
Existe aussi en collections de poche, neuf ou d’occasion – mais sans les si belles images de Nathalie Parain.

Nadiejda Teffi, Baba Yaga

Nadiejda Teffi, Baba Yaga

La célèbre sorcière russe, ogresse en cheveux vivant dans une isba montée sur des pattes de poulet, a inspiré de nombreux artistes. Les éditions MeMo ont la bonne idée de rééditer un album paru en 1932 en Russie et en France et qui fit date dans l’histoire du livre pour enfants. Nadiejda Teffi (1872–1952) a adapté le conte traditionnel recueilli par Alexandre Afanassiev, pour en permettre une lecture fluide.
S’il faut retenir un nom parmi les illustrateurs russes du XXe siècle, c’est celui de Natalia Tchelpanova (1897–1958), reconnue comme une artiste proche de l’avant-garde moscovite. Arrivée à Paris en 1928, devenue par son mariage Nathalie Parain, elle faisait partie de « l’équipe russe » du Père Castor. Influencée par le constructivisme, elle considère le livre d’enfants comme un objet d’art. Ses papiers découpés, ses collages et ses pochoirs, loin d’être de pesants décalques des techniques cubistes, conviennent parfaitement à l’univers du conte, simple et coloré.

Dès 7 ans

Nadiejda Teffi, Baba Yaga, illustré par Nathalie Parain, adapté par Françoise Morvan, Editions MeMo, 30 p., oct. 2010, 22 €. A rechercher, une édition du Père Castor.