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Le Livre de poche Jeunesse

Rachel Firth, Jules César

Rachel Firth, Jules César

« Quiconque voulait devenir quelqu’un venait à Rome, et lui y habitait. Bien qu’il n’ait que quatorze ans, il était convaincu qu’il aurait un jour un rôle important à y jouer.
— Caius, viens prendre ton petit déjeuner. C’est bientôt l’heure de tes leçons.
Tiré de sa rêverie, César rentra à contre-cœur. »
Né dans une famille patricienne désargentée, le jeune Caius Julius Caesar reçoit une éducation exemplaire qui lui permet, le temps venu, de gravir les marches du pouvoir, avant de devenir l’homme le plus puissant de Rome. Mais ses ennemis, implacables, guettent dans l’ombre… Cette biographie présente de manière très claire, sans rien édulcorer des rivalités, des complots, ni des ambitions, la vie, oh combien !, mouvementée de Jules César.

De 9 à 12 ans

Rachel Firth, Jules César, Le Livre de Poche Jeunesse, 2017, 64 p., 5,50 € — Traduit de l’anglais.

John Flanagan, Le siège de Macindaw, L’apprenti d’Arualen (tome 6)

Une chronique reçue de Mado – vous aurez donc quatre chroniques cette semaine !

« Le jeune homme s’assit sur une bûche devant le feu, sous un abri fabriqué avec la voile du drakkar. Il accepta une chope de bière et la but avec plaisir, tout en portant un toast aux Skandiens qui l’entouraient.
— Eh bien, Will, dit alors le skirl, qu’est ce qui t’amène jusqu’ici ?
Le Rôdeur dévisagea chacun des membres de l’équipage, aux visages anguleux et barbus.
— Je cherche des guerriers, répondit-il. J’ai l’intention de prendre un château d’assaut, et il paraît que vous vous y connaissez… »
Will est sur le pied de guerre. Keren a pris le contrôle de MacIndaw. L’invasion d’Araluen est imminente. Will doit à tout prix déjouer les plans de Keren, le traître, et de sa horde de criminels, qui font régner la terreur. Le jeune rôdeur est démuni face à une telle menace. L’arrivée d’un vieil ami et le recours aux anciennes croyances suffiront-ils à lui donner l’avantage ? Car, cette fois, Will ne se bat pas seulement pour la survie du royaume : s’il échoue la belle Alyss, prisonnière du seigneur félon, risque fort d’y laisser la vie…
Ce qui plaît à Mado et à ses enfants : le rythme soutenu des aventures pleines de péripéties ; le style, facile à lire mais plaisant ; le côté initiatique du jeune garçon qui devient homme ; pas d’histoire d’amour mièvre, mais de beaux sentiments ; la lutte du bien contre le mal.
Une série de fantastique avec initiation du héros orphelin, Will, par le Rôdeur royal, Halt. Des aventures palpitantes, avec leur lot de courage, de don de soi… un vrai roman de chevalerie fantastique.
De L’Ordre des Rôdeurs (tome 1) à Rôdeur Royal (tome 12), John Flanagan a inventé cette série pour donner, dit-on, le goût de la lecture à son fils ! 12 tomes, donc, même si le dernier volume finit en « queue de poisson ». « Même punition, même motif » ; pour améliorer son anglais, pourquoi ne pas lire en VO ? Voilà une digne suite à certaines histoires de sorciers !

Dès 9 ans

John Flanagan, Le siège de Macindaw, L’apprenti d’Arualen (tome 6), Le Livre de poche jeunesse, 2014, 416 p., 6,90 € — Traduit de l’anglais (Australie)

Martin de Halleux, L’inconnu du Pacifique

Martin de Halleux, L’inconnu du Pacifique

« Le capitaine Cook hurlait si fort qu’on pouvait l’entendre jusqu’au fond des cales du Resolution… ‘La yole ! Ils m’ont volé la yole ! Ils m’ont fait ça à moi !’ Les pas de ses bottes claquaient sur le plancher de sa cabine, il était furieux. Pour la première fois, je l’entendais se laisser emporter par la colère. Puis il s’est apaisé et s’est assis à son pupitre. J’ai su ensuite qu’il avait passé la nuit à écrire, jusqu’au matin de cette funeste journée. » Ce roman d’aventures est donc construit sur le modèle d’un journal de bord – fictif – retrouvé par le second du capitaine. Les quatre années durant lesquelles Cook et son équipage font ce tour du monde, de 1776 à 1779, passent à grande vitesse, de tempêtes en bonaces, de banquise en palmiers, de rencontres pacifiques en drames, dont le plus cruel, à Hawaii, coûta la vie à James Cook. Marins, soldats, savants, nous partageons tout de leur vie quotidienne, de l’Angleterre au pôle Nord, via le sud de l’Afrique, l’Antarctique, et le Pacifique sud. L’auteur n’a pas (trop) édulcoré la violence qui règne autant à bord que chez certaines peuplades de cet océan « Pacifique ». Alors, petit mousse, prêt à embarquer ?

Dès 10 ans

Martin de Halleux, L’inconnu du Pacifique – L’extraordinaire voyage du Capitaine Cook, Le Livre de poche Jeunesse, 2015, 128 p., 4,95 €

Annie Collognat, Vingt métamorphoses d’Ovide

Annie Collognat, Vingt métamorphoses d’Ovide

« Un jour que Narcisse s’est égaré dans les bois, il se met à crier :
— Y a‑t-il quelqu’un près de moi ?
Echo répond :
-Moi !
Stupéfait, Narcisse regarde autour de lui et crie d’une voix forte :
‑Viens !
Echo répète :
Viens ! »
Ce qu’ignorait Narcisse, c’est que Junon avait puni la nymphe Echo « à n’être plus que l’écho des voix qu’elle entendait ». Et ce qu’ignorait Echo, c’est que le jeune Narcisse « était si orgueilleux qu’il repoussait avec mépris tous ceux qui cherchaient à devenir ses amis ». L’histoire ne pouvait donc que mal se terminer, comme nous le raconte Ovide. Un Ovide qui n’a pas son pareil pour faire revivre les mythes et les légendes antiques, de Phaéton à Lycaon, d’Arachné à Daphné, de Philémon et Baucis à Orphée et Eurydice. Quelques œuvres d’art bien choisies illustrent la continuité de cet héritage antique, de Rubens à Odilon Redon.

Dès 12 ans

Annie Collognat, Vingt métamorphoses d’Ovide, Le Livre de poche Jeunesse, 2014, 192 p., 3,95 €

Esope et Annie Collognat, Fables

Esope et Annie Collognat, Fables

Lion, âne, renard, cigales, cerf, chatte, belette, coq, crabe, fourmi, héron, singe, serin… Si nous connaissons bien ceux que fit parler Jean de la Fontaine, nous ferons connaissance ici avec leurs lointains aïeux, ceux qui furent croqués il y a plus de 2500 ans dans de brèves histoires fabuleuses. Par qui ? Par un fabuliste que les Grecs nommèrent Esope, et à qui ils prêtèrent au fil des siècles pas moins de 600 fables. « Courtes et drôles, [elles] n’ont pas pris une ride : aujourd’hui encore elles nous amusent et nous font réfléchir », comme le note Annie Collognat, à qui nous devons cette traduction de 60 fables, à la fois fidèle, légère et pleine d’humour.

Dès 8 ans

Esope, Fables, choix et traduction d’Annie Collognat, Le Livre de poche jeunesse, 2008, 158 p., 4,90 €

Anne-Marie Cadot-Colin, La Chanson de Roland

Anne-Marie Cadot-Colin, La Chanson de Roland

« Le roi Charlemagne, notre grand empereur, a passé sept années entières en Espagne. Il a conquis les hautes terres jusqu’à la mer. Pas un château ne lui a résisté. Pas une muraille, pas une cité ne reste à prendre d’assaut, sauf Saragosse, qui se dresse sur une montagne. C’est le roi Marsile qui la tient, un ennemi de Dieu, car il sert Mahomet, Tervagant et Apollin. Mais il ne pourra empêcher le malheur de l’atteindre. » Tel est, en français moderne, le tout début de la chanson de geste. Pour atteindre Saragosse, il faut passer les monts. Les chevaliers, trahis, se font prendre à revers au col de Roncevaux… Prouesse, honneur et chevalerie : il suffit d’entendre Roland sonner du cor et brandir sa noble épée Durendal pour retrouver le sens de ces mots âpres et profonds. Une version certes abrégée, mais fidèle au déroulé de la chanson de geste, dans un français clair et bien rythmé.

Dès 10 ans

Anne-Marie Cadot-Colin, La Chanson de Roland, Le Livre de poche Jeunesse, 2007, 128 p., 4,95 €
Texte intégral « bilingue » : La Chanson de Roland, Le Livre de poche, coll. Lettres gothiques, 1990, 280 p., 6,10 €
Traduction de Joseph Bédier, à lire en ligne.

Annie Collognat, Complètement mytho, Dieux et déesses de la mythologie

Annie Collognat, Complètement mytho, Dieux et déesses de la mythologie

Enfin un dictionnaire de mythologie gréco-romaine original et captivant ! Moïra, la Destinée, « qui garde en mémoire toute l’histoire du monde », livre ses « entretiens » imaginaires avec trente grandes figures de la mythologie. Des dialogues vivants et dynamiques permettent à chaque divinité de se présenter : les Anciens, les terribles enfants de Gaïa ; les douze Olympiens autour du « Père Zeus » ; et enfin les divinités en « service commandé », telles les Muses, Éros ou Éris. Après avoir précisé la place de chacun dans une généalogie passablement complexe, Moïra interroge la divinité sur ses principaux hauts faits, mais aussi sur ses relations avec les autres dieux : amours, galanteries, jalousies, ruses, vengeances, défis, tractations… Aurait-il suffi aux poètes d’amplifier nos qualités et nos travers de mortels ?
Sur le fond, rien que du très sérieux. Normalienne, agrégée de Lettres classiques, Annie Collognat a puisé aux meilleures sources : Homère, Eschyle, Hésiode, Diodore de Sicile… Avec une pincée de Lucien de Samosate, lequel se demande pourquoi « ces fichus philosophes prétendent que seuls les dieux sont heureux » alors qu’ils ont « tant de milliers d’occupations ».
Chaque « entretien » est précédé d’un portrait en couleur de la divinité : statue, mosaïque, fresque ou tableau. Il est suivi d’un court extrait d’une œuvre antique, d’abord en grec (essayez-vous donc à déchiffrer !), puis traduit avec élégance et humour, qui renforce la pertinence du récit recomposé par Annie Collognat. Une façon intelligente de faire entendre aux adolescents que les mythes sont bien plus que des objets archéologiques et qu’ils perpétuent la plus longue mémoire des peuples.

Dès 12 ans

Annie Collognat, Complètement mytho, Dieux et déesses de la mythologie, Le Livre de poche Jeunesse, 256 p., 5,90 €

Mark Twain, Le Prince et le Pauvre

Mark Twain, Le Prince et le Pauvre

« Si je pouvais, une fois, une seule fois, m’habiller comme toi et m’en aller pieds nus dans la boue… sans personne pour me gronder ou m’empêcher d’en faire à ma tête… il me semble que j’en oublierais ma future couronne !
— Et moi, si je pouvais, une seule fois, être vêtu comme vous… »
Deux enfants, par jeu et par défi, échangent leurs vêtements, soieries et brocards contre nippes et haillons. L’un, Edward, est prince de Galles. L’autre, Tom Canty, né dans les rues les plus pouilleuses de Londres, mais débrouillard et fasciné par les livres que lui explique un vieux prêtre. Ce second quart du XVe siècle est une époque bien agitée, et les deux enfants vont vivre mille aventures, les quiproquos s’enchaînant de chapitres en chapitres. La traduction de Jean Muray (le père de Philippe Muray) donne un rythme haletant au récit – d’autant plus que cette version de 219 pages est abrégée. Une bonne occasion de se frotter à un vocabulaire riche et fleuri et de faire la connaissance de Londres au temps des Tudors.

Dès 9 ans (l’âge d’Edward VI lors de son couronnement)

Mark Twain, Le Prince et le Pauvre, Le Livre de poche jeunesse, 2008, 219 p., 4,90 €. Texte abrégé. Diverses éditions en poche, texte intégral ou abrégé.

Astrid Lindgren, Fifi Brindacier

Astrid Lindgren, Fifi Brindacier

Neuf ans pour l’éternité, des nattes rousses qui volent au vent, une joie de vivre à renverser le monde ! Voilà Fifi, l’inénarrable Fifi Brindacier, dont le patronyme français révèle la force herculéenne mais ne nous dit rien des deux longs bas dépareillés – un noir, un marron — de la petite Suédoise Pippi Långstrump qu’elle fut, avant de devenir le symbole universel de la fantaisie la plus débridée. Prévenante, serviable, altruiste, certes, mais aussi casse-cou et primesautière, elle traverse l’existence avec une logique bien à elle, que les adultes ont du mal à saisir.
Trop éloignée du format « petite fille modèle », elle est aussi trop excentrique pour être « contagieuse », n’en déplaise aux bonnes âmes qui, après avoir vu en elle du concentré de mauvaise graine, en ont fait une icône féministe. Pas de carcan pour notre aventurière ! Car, dites-le-vous bien, la seule chose dont on est sûr, c’est qu’« avec Fifi, on ne peut être sûr de rien » !

A partir de 9 ans

Astrid Lindgren, Fifi Brindacier, avec les illustrations originales d’Ingrid Vang Nyman, Le Livre de poche Jeunesse, 2007, 160 p., 4,90 €. Imprimé en Espagne.

Pierre Gripari, Histoire du prince Pipo

Pierre Gripari, Histoire du prince Pipo

« Une histoire qu’on ne dit pas, une histoire qu’on oublie ne tarde pas à dépérir et finit, tôt ou tard, par mourir d’épuisement. » Au sens strict de mot, comme une source qui se tarit. Et que se passerait-il si cet oubli touchait les plus beaux contes initiatiques ?
Heureusement, nous n’en sommes pas là, et le prince Pipo sait nous en convaincre ! Pierre Gripari réussit le tour de force de reprendre la plupart des « ingrédients » du conte pour élaborer cette magnifique histoire – aussi intemporelle que tout vrai conte qui se respecte. Châteaux, dragon, volcan, cheval qui parle, princesse endormie, métamorphoses, il n’y manque rien de rien !
Bien sûr, nous sommes tout d’abord des parents « royaux » dotés d’enfants parfaits. Mais peu d’entre nous échappent au sortilège : celui de devenir des nains et des sorcières encombrants pour nos adolescents… Pour l’heure, laissons-les galoper sur leur petit cheval de feu et partir à la découverte du vaste, vaste monde pour conquérir leur liberté ! A leur tour, ils deviendront les parents royaux d’enfants parfaits, n’est-ce pas ?

A partir de 9 ans

Pierre Gripari, Histoire du prince Pipo, Grasset, 1978, 79 p., 22,90 € — Le Livre de poche Jeunesse, Hachette, 2009, 247 p., 5,50 €

Anthony Buckeridge, Bennett au collège

Anthony Buckeridge, Bennett au collège

Pour les plus grands, cartables et cahiers, la rentrée, c’est de la routine… Mais savent-ils que des collégiens anglais, dans les années 1950, étaient capables d’élever des cochons d’Inde dans leur dortoir ?  Une bonne raison pour découvrir la série des Bennett et Mortimer. Car il s’en passe de belles, au collège de Linbury ! Anthony Buckeridge (1912–2004) s’est inspiré de ses souvenirs mais surtout de ses propres élèves, et sans doute aussi de quelques collègues, pour croquer des personnages aussi farfelus qu’attachants. Une excellente introduction à l’humour britannique !

Dès 9 ans

Disponibles en librairie — Traductions d’Olivier Séchan :
Anthony Buckeridge, Bennett au collège, Le Livre de poche jeunesse, 2009, 247 p., 5,50 €
Anthony Buckeridge, Bennet et sa cabane, Le Livre de poche jeunesse, 2010, 256 p., 4,90 €
A rechercher d’occasion : 22 titres dans la Bibliothèque Verte (de 1950 à 1977) dont certains traduits et adaptés par Vladimir Volkoff.