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Jacques Prévert

Jacques Prévert, En sortant de l’école

« En sortant de l’école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré… »
En ce début septembre, qui n’aurait pas envie de monter dans ce wagon doré, ou de faire le tour du monde, « de la lune et des étoiles, à pied à cheval en voiture et en bateau à voiles » ? Gallimard Jeunesse nous offre la réédition d’un superbe album illustré par Jacqueline Duhême. Née en 1927, cette grande artiste a fait ses débuts dans l’atelier de Matisse, puis a su convaincre les grands poètes de son temps d’écrire pour les enfants, tout en étant dessinatrice de presse. Sa connivence avec Jacques Prévert (1900–1977) est devenue une vraie amitié, sur laquelle reviennent deux belles pages documentaires. Les musiciens trouveront aussi en fin d’album la partition de ce poème devenu chanson : « Paroles de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma », savaient si bien dire les Frères Jacques avant de nous entraîner « tout autour de la terre ».

Dès 4 ans

Jacques Prévert, En sortant de l’école, illustrations de Jacqueline Duhême, Gallimard Jeunesse, 2022, 32 p., 15,50 € — Imprimé en Italie — Une réédition bienvenue de l’album paru en 1981.

Jacques Prévert, Le petit lion

« La grande lionne montre les dents et personne parmi les grandes personnes de la Grande Ménagerie, personne parmi les gros et petits hommes qui payent pour voir les animaux captifs, personne n’oserait passer le bout du doigt entre les barreaux de la cage.
Enfermer une lionne dans une misérable boîte de bois avec de tristes barreaux de fer, il n’y a pas de quoi être fier. »
Et puis, tapi à ses côtés, voici « un petit lion bien gentil avec de grosses pattes et une douce petite tête bien ronde et dans cette petite tête, il n’y a rien d’autre que les très simples rêves d’un brave petit lion ». Qui va se sauver, pour tenter de rejoindre la forêt vierge… et qui va nous entraîner à sa suite dans les rêves et les jeux d’un petit lion.
Un article très intéressant signé de Laurence Perrigault (La revue des livres pour enfants, 258, sur le site du CNLJ) revient sur la genèse de cet album. Jacques Prévert s’est en effet pris au jeu d’inventer ce conte animalier à partir de photos prises par Ylla, célèbre artiste photographe.
Laurence Perrigault nous rappelle que « le goût de Prévert pour l’enfance était alors notoire : André Breton avait salué dès 1940 dans son Anthologie de l’humour noir la faculté de Prévert de “disposer souverainement du raccourci susceptible de nous rendre en un éclair toute la démarche sensible, rayonnante de l’enfance” », lui qui disait aussi : « Que voulez-vous, cela peut sembler de l’enfantillage, mais j’attache autant d’importance, et même beaucoup plus, aux petites choses sans importance écrites pour les enfants qu’aux grandes choses définitives écrites pour d’importants adultes. »
De son vrai nom Kamilla Koffler, Ylla née en 1911 dans la capitale autrichienne, après une solide formation, s’était spécialisée dès 1933 dans la photographie animalière. Même si le texte fut caviardé par l’éditeur, au grand dam de Prévert, l’album reste un beau moment de littérature et les photos gardent tout le charme de l’argentique, et du travail sur le noir et blanc.

Dès 6 ans

Jacques Prévert, Le petit lion, photographies par Ylla, Arts et Métiers graphiques, 1958 (1ère édition en 1947). Brocantes, etc. Imprimé en France

Jacques Prévert, Embrasse-moi

Jacques Prévert, Embrasse-moi

« Un et nu c’est même / et nu et nue comme un et un font deux / font un quand ils s’aiment. » Une belle comptine pour les enfants (pas) sages devenus grands — et à qui personne ne demande plus d’être sages dans le secret de leur coeur. Cet album propose vingt « poèmes d’amour » de Jacques Prévert, très joliment illustrés par Ronan Badel, quelque part entre Sempé et Peynet. Un album à réserver à de jeunes adolescents ou adolescentes dont on croit deviner les premiers émois et les premiers chagrins –la poésie saura les amadouer et, peut-être, les consoler. A feuilleter ici.

Adolescents

Jacques Prévert, Embrasse-moi, illustrations de Ronan Badel, Gallimard Jeunesse, 2016, 44 p., 14,90 €

Jacques Prévert, Contes pour enfants pas sages

Jacques Prévert, Contes pour enfants pas sages

« Un jour, il y avait un jeune dromadaire qui n’était pas content du tout. La veille, il avait dit à ses amis : “Demain, je sors avec mon père et ma mère, nous allons entendre une conférence, voilà comme je suis moi !”
Et les autres avaient dit : “Oh, il va entendre une conférence, c’est merveilleux”, et lui n’avait pas dormi de la nuit tellement il était impatient, et voilà qu’il n’était pas content parce que la conférence n’était pas ce qu’il avait imaginé : il n’y avait pas de musique et il était déçu, il s’ennuyait beaucoup, il avait envie de pleurer. »
Et comme il y a des « enfants pas sages », à qui sont dédiés ces contes, il y a des dromadaires pas sages – et celui-là fera sans doute rire ceux-ci ! Et il ne sera pas seul, car il est accompagné de la girafe, de l’éléphant de mer, de l’autruche, des antilopes, d’un cheval et d’un jeune lion. A qui il arrive, bien sûr, des aventures passablement loufoques.

Dès 8 ans

Jacques Prévert, Contes pour enfants pas sages, illustrations de Laurent Moreau, Gallimard Jeunesse, 2016, 44 p., 14,50 €

Jacques Prévert et Albert Lamorisse, Bim, le petit âne

Jacques Prévert et Albert Lamorisse, Bim, le petit âne

« Il y a très longtemps, dans une île d’un pays d’Orient, la coutume voulait que chaque enfant eût un petit âne comme compagnon. Bim était le plus beau de tous les ânes. Abdallah était son maître. » Tout serait allé pour le mieux dans la casbah, si le fils du caïd, Messaoud, n’avait pas décidé de s’approprier le baudet. Quelques aventures auront raison de ce sale gamin, qui fera amende honorable, et deviendra « grand caïd comme son père, mais plus gentil ». Le scénario insiste sur le triomphe des bons sentiments, ce qui nous paraît un peu démodé en ces temps de violence…
Cet album est tiré du premier film d’Albert Lamorisse, Bim le petit âne (1949), tourné à Djerba. Il en reprend les superbes photos en noir et blanc, très travaillées, qui dégagent une atmosphère surannée, digne d’un conte des mille et une nuits.

Dès 7 ans

Jacques Prévert, Albert Lamorisse, Bim, le petit âne, Hachette, 1952. Librairies anciennes. Ou en poche, Ecole des loisirs, 1976, là aussi d’occasion.