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Fables

Jean de La Fontaine, Fables

Choisir des Fables répond à peu près toujours à un savant dosage entre fables connues et archi-connues, et fables moins souvent apprises ou carrément oubliées. Ce recueil a bien compris la recette : entre « Le Lièvre et la Tortue » et « Le Lion et le Rat », il est bien agréable de lire « Le rat et l’Huître » ou « L’Eléphant et le Singe de Jupiter ». J’avais oublié que Jupiter eût un singe !
Même si la plupart des œuvres de Catherine Meurisse ne sont pas à mettre sous des yeux enfantins, ne boudons pas notre plaisir avec ses Fables ! Elle explique dans une page pleine d’à‑propos comment « les Fables agissent sur un dessinateur comme un appeau : on dresse l’oreille et on ne peut y résister. […] L’appel des Fables, c’est l’appel de la forêt. Forêt de roseaux et de buissons, de bêtes sauvages et d’animaux de ferme, de rois et de bergers, de paysannes et de déesses. Forêt d’images populaires, de morales bien connues. Des mythes, des chansons. » C’est bien cela, une tradition, n’est-ce pas ?

Dès 7 ans

Jean de La Fontaine, Fables, illustrations de Catherine Meurisse, Réunion des Musées nationaux, 2022, 80 p., 19,90 € — Illustrations gravées en France, album imprimé en Belgique.

Marie de France, Fables

« Voyant un cerf plein de beauté / un lièvre se mit à envier / les cornes qui ornaient sa tête. / […] Dès lors le lièvre n’eut de cesse / de s’adresser à la déesse / et de lui demander pourquoi / il n’était pas doté de bois. » Son vœu exaucé, le voilà bien encombré : il ne peut plus se déplacer.
Morale de la fable : « Les cupides et les envieux / croient pouvoir tout réinventer / tant ils n’en ont jamais assez / et montrent tant de démesure / qu’ils courent à leur perte à coup sûr. »
Le Lièvre qui voulait des bois, Le Renard et le Coq, Le Loup et le Hérisson, Le Cerf en son miroir : ces quatre fables ne sont ni d’Esope, ni de La Fontaine, mais d’une poétesse du XIIe siècle, Marie de France. Si ses lais inspirés de la matière de Bretagne sont connus des amateurs de récits chevaleresques, ses fables le sont beaucoup moins. Parmi la centaine de fables qui lui sont attribuées, Christian Demilly en a choisi 24, les plus adaptées à de jeunes lecteurs. De cette poétesse, on ne sait rien de très précis, et l’on ne sait même pas dans quelle langue elle écrivit : les textes qui nous sont parvenus sont des copies en anglonormand, en picard et en francien. Toujours est-il qu’elle connaissait parfaitement les fables d’Esope ainsi que les œuvres de nombreux auteurs grecs et latins, mais aussi la littérature arabe (d’où la fable La Puce et le Chameau) et à la mythologie celtique.
La préface de l’éditrice aurait bien mérité une fable, avec son petit couplet « qui va bien » pour défendre le « matrimoine » et fustiger ses confrères (du XXe siècle !) oublieux des talents féminins : rien ni personne ne m’ont jamais empêchée de lire Christine de Pisan ou Marguerite de Valois.
Les enfants se régaleront des illustrations de Fred L., fraîches, drôles et inventives.

Dès 10 ans

2022, 58 p., 18,50 € — Traduction en Marie de France, Fables, illustrations de Fred L., Talents hauts, français moderne de Christian Demilly. Imprimé en Espagne.

Maurice Carême, Fables

Maurice Carême, Fables

« Le chat a dit
À ses petits :
« Oncle Souris
Est très gentil.
Il est surtout
Bon à croquer
Dans les lauriers
Au pied du houx. »
Marraine Carpe, qui « joue de la harpe /Sur la rivière », n’aura pas meilleur destin. Car, nous dit le fabuliste, le destin des souris et des carpes, c’est bien d’être croqués par les chats qui passent par là.
Maurice Carême (1899- 1978) est l’un des auteurs belges les plus connus et les plus lus – et aussi les plus appris à l’école. Qui n’a pas récité, d’une petite voix timide, l’un ou l’autre de ses poèmes ? Il en écrivit, dit-on, plus de 2600 !
Sa fantaisie et son goût du nonsense, magnifiquement exprimés dans un style des plus concis, mènent à une forme de sagesse très simple : celle qui consiste à savoir regarder autour de soi et à s’émerveiller des mille petits trésors du quotidien.
Qui dit « fable », dit « morale de la fable ». Chez Maurice Carême, celle-ci n’est jamais pesante : pirouette, question en l’air, remarque décalée : au lecteur de réfléchir par lui-même au sens du destin.
Mais ne croyez pas que ce recueil de Fables s’adresse seulement aux enfants. Loin de là. Il s’adresse à tous ceux qu’enchantent l’ombre d’une plume ou la chanson de la pluie.

Dès 10 ans, adolescents et adultes

Maurice Carême, Fables, L’Âge d’Homme, Lausanne, 2014, 110 p., 15 €
Pour tout savoir sur Maurice Carême : la Fondation Maurice Carême

Esope et Annie Collognat, Fables

Esope et Annie Collognat, Fables

Lion, âne, renard, cigales, cerf, chatte, belette, coq, crabe, fourmi, héron, singe, serin… Si nous connaissons bien ceux que fit parler Jean de la Fontaine, nous ferons connaissance ici avec leurs lointains aïeux, ceux qui furent croqués il y a plus de 2500 ans dans de brèves histoires fabuleuses. Par qui ? Par un fabuliste que les Grecs nommèrent Esope, et à qui ils prêtèrent au fil des siècles pas moins de 600 fables. « Courtes et drôles, [elles] n’ont pas pris une ride : aujourd’hui encore elles nous amusent et nous font réfléchir », comme le note Annie Collognat, à qui nous devons cette traduction de 60 fables, à la fois fidèle, légère et pleine d’humour.

Dès 8 ans

Esope, Fables, choix et traduction d’Annie Collognat, Le Livre de poche jeunesse, 2008, 158 p., 4,90 €

Jean de La Fontaine, Fables

Jean de La Fontaine, Fables

« Le phaéton d’une voiture à foin / Vit son char embourbé », non pas dans la neige, mais dans quelque ornière de basse Bretagne… Ce choix de 83 fables séduit par ses illustrations contemporaines, fines et légèrement décalées. Rats, grenouilles, loups et lions arpentent les pages en costume cravate. Les cigognes, les souris et les belettes rivalisent, elles, de talons hauts et de décolletés. Canapés, ordinateurs, belles autos… Pas de doute, les animaux du fabuliste ont toute leur place dans notre monde ! L’album propose les fables les plus célèbres (La cigale et la fourmi, Le lion et le rat, etc.) mais aussi un choix de textes qui gagnent à être relus, tels « Le chartier embourbé » ou « La tête et la queue du serpent ».

Dès 8 ans

Jean de La Fontaine, Fables, illustrées par Joanna Boillat, Gründ, 2009, 209 p., 14,95 €

Esope, Fables

Esope, Fables

« Donnons leur vraie valeur aux choses », « il n’est pas judicieux de se parer des plumes d’autrui »… Autant de « morales » venues de la plus haute antiquité – pensez-vous, « de l’époque om les bêtes parlaient » ! Ou, un peu plus près de nous, de l’imagination d’un dénommé Ésope, qui traînait ses guêtres dans la Grèce du VIIe siècle avant Jésus-Christ – tout en observant les mœurs animales, si proches de nos comportements humains. Cet album présente treize fables parmi les plus connues. Les enfants s’amuseront des différences entre les deux versions d’une même fable, brève chez Ésope, plus fleurie chez Jean de La Fontaine. Les illustrations d’Ayano Imai apportent un charme fou à cet album, ce qui n’est pas étonnant quand on sait le goût et le talent des artistes japonais pour la peinture animalière.

Dès 6 ans

Esope, Fables, illustrées par Ayano Imai, Minedition, 2012, 24 p., 14,20 €

Jean de La Fontaine, Fables

Jean de La Fontaine, Fables

Après les Fables illustrées par Benjamin Rabier, les éditions Langlaude, à l’affut des beaux albums qui tombent actuellement dans le domaine public, proposent un autre choix de fables illustrées par Jean-Jacques Grandville (1803–1847), connu pour ces caricatures où les hommes politiques se voyaient affublés de têtes d’animaux. Les Fables se prêtent bien à ce jeu de passe-passe : les animaux y sont habillés comme vous et moi (enfin… comme nos aïeux) et se meuvent dans un décor très humanisé. Les gravures originales étaient tirées en noir ; ici, elles sont colorisées à la manière des images d’Épinal, ce qui donne plus de relief encore au loup et à l’agneau, au renard et à la cigogne, à la grenouille, au rat et à leurs comparses.

Dès 8 ans

Jean de La Fontaine, Fables, illustrées par Jean-Jacques Grandville, Langlaude, 2012, 72 p., 12 €

La Fontaine, Fables

La Fontaine, Fables

Le Renard, le Corbeau, le Chat, la Belette et le Petit Lapin prennent leurs ébats dans des paysages inspirés de tableaux célèbres. Mais lesquels ? Des illustrations à la manière de gravures anciennes coloriées, d’un trait léger, élégant et drôle à la fois. De ramage en plumage, de logis en pénates, une bien belle manière de réviser ses fables !

Dès 8 ans

La Fontaine, Fables, illustrées par Philippe Mignon, Fernand Nathan, 2008, 43 p., 6,90 €

Jean de La Fontaine, Fables

Jean de La Fontaine, Fables

Quand la Vache-Qui-Rit danse avec le Corbeau et le Renard, cela nous donne un album plein de malice ! Ce choix de fables illustrées par Benjamin Rabier permet une double initiation : littéraire, avec une sélection qui va des fables les plus célèbres à des fables moins souvent mises en valeur, comme Le Rat et l’Éléphant, le Cerf se voyant dans l’eau, ou Le Faucon et le Chapon. Initiation artistique ensuite quand on sait toute l’influence qu’eut l’Art déco dans l’œuvre de Benjamin Rabier, lui-même précurseur de la « ligne claire » de la bande dessinée.
Cette sélection reste plus abordable que l’édition complète publiée par Taillandier (69 €), trésor familial certes, mais difficile à confier à de petites mains !

Dès 7 ans

Jean de La Fontaine, Fables, illustrées par Benjamin Rabier, Editions Langlaude, janvier 2011, 71 p., 12 €