Mot-clef

Alphonse Daudet

Alphonse Daudet au sommaire du magazine TétrasLire de février

Alphonse Daudet au sommaire du magazine TétrasLire de février

« La plus belle de toutes les étoiles, maîtresse, c’est la nôtre, c’est l’étoile du berger, qui nous éclaire à l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans.
— Comment ! berger, il y a donc des mariages d’étoiles ?
— Mais oui, maîtresse. »
Dans la nuit provençale, un petit berger fait découvrir le ciel d’été à Stéphanette, la « demoiselle » venue se sécher au près de son feu. « Les Etoiles », ce délicieux conte d’Alphonse Daudet, est suivi d’un dossier pour tout savoir sur les étoiles et les planètes. Avant d’apprendre un tour de magie et de se régaler d’un gâteau… étoilé, pourquoi ne pas se délasser avec quelques jeux ? Pour finir, une légende chinoise raconte comment Altaïr le Bouvier fut séparé de Véga la Tisserande. Un nouveau numéro très réussi de ce magazine « qui donne des ailes à la lecture », dédié aux 8 à 12 ans.

De 8 à 12 ans

Tétras LireEditions Alba Verba, ou 20 quai Fulchiron, 69005 Lyon. 9,50 € le numéro, ou 64 € pour 11 numéros.
Pour feuilleter quelques pages du magazine, c’est ici.

« Vous savez que les perdreaux vont par bandes et nichent ensemble au creux des sillons pour s’élever à la moindre alerte, éparpillés dans la volée comme une poignée de grains qu’on sème. » Vous savez, vous ? Ce que sont des « sillons », une « volée », une « poignée de grains qu’on sème » ? Et si vous ne le saviez pas, pauvres que vous êtes, cette superbe phrase ne vous a‑t-elle pas laissé entendre la joie de vivre d’une innocente « compagnie » de perdreaux ? Une gaieté mise à mal par cet événement inquiétant qu’est la « fameuse ouverture de la chasse ». Rouget, jeune perdreau de l’année, va suivre un « vieux coq très malin », qui l’aidera à déjouer les pièges des chasseurs. Une magnifique promenade automnale ! Un album du Père Castor à retrouver dans les brocantes et chez les bouquinistes car il n’a pas été réédité depuis plusieurs décennies.

Dès 6 ans

Alphonse Daudet, Les émotions d’un perdreau rouge, images d’André Pec, Père Castor, 1948, 24 p. En brocante.

Alphonse Daudet, Contes choisis

Alphonse Daudet, Contes choisis

A côté des les contes les plus connus, tels « Le secret de maître Cornille » ou « Le sous-préfet aux champs », ce volume fera découvrir des pages parfois un peu surannées, mais ô combien attachantes : « La dernière classe », « La fuite » ou « Les petits pâtés » sont dignes d’accéder au rang de classiques intemporels. Même si quelques rappels historiques sont nécessaires à la bonne compréhension des récits, les personnages traduisent des attitudes ou des sentiments immuables : amour filial, droiture, courage, sens du devoir font face à la paresse, à la trahison, aux petitesses, aux grands et menus défauts qui nous font humains. Qui sort gagnant de ces confrontations parfois épiques, parfois terriblement quotidiennes ? Seule la fin du conte le dévoile, et la morale est sauve. Plus encore, magnifiée par la belle langue de Daudet. Quant aux impondérables… quelle saveur sous la plume du conteur ! Bien sûr, quelques phrases, de ci, de là, ne sont pas très politiquement correctes, diable de Tartarin ! Qu’il pleuve sur les fortifs ou que la Provence chante sous le soleil, les tableautins de Pierre Probst saisissent le moment le plus vibrant pour permettre au lecteur de poser son regard et de rêver sous les étoiles.

Dès 10 ans

Alphonse Daudet, Contes choisis, illustrés par Pierre Probst, « Idéal Bibliothèque », Hachette, 1961, 188 p. Nombreuses rééditions. D’occasion.

Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon

Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon

« Le tueur de lions, stupéfait, se frotta les yeux… Lui qui se croyait en plein désert !… Savez-vous où il était ?… dans un carré d’artichauts, entre un plant de choux-fleurs et un plant de betteraves. Son Sahara avait des légumes… » Inoubliable Tartarin ! Naïf, notre « grand homme de Tarascon » ? Pas si sûr… Burlesque, oui. Et hautement « incorrect », tant vis-à-vis des militaires, des ronds-de-cuir, des boutiquiers, des colons que des « Teurs » — les « Turcs », autrement dit les autochtones de cette Algérie de pacotille. Car derrière ces « aventures prodigieuses », il s’agit bien d’une turquerie, vaste bal masqué où l’on ne se paie que de mots – mais quels mots !

Dès 12 ans

Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, nombreuses éditions de poche. Attention : exigez le texte intégral. Dans l’édition du Livre de Poche, je n’aime pas trop les dessins de Dubout, qui confondent parfois farce et vulgarité.

Alphonse Daudet, La Chèvre de monsieur Seguin

Alphonse Daudet, La Chèvre de monsieur Seguin

Qui n’a jamais tremblé aux aventures de cette petite chèvre éprise de liberté ? Qui n’a jamais rêvé de batifoler avec Blanquette dans « les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d’un ravin » ? Et qui n’a pas écrasé une larme en lisant la dernière, l’ultime phrase du conte : « Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea » ?
Les monotypes sur cuivre de Jean-Luc Buquet sont aux couleurs de la Provence, celle des montagnes âpres et sauvages qu’affectionnaient Alphonse Daudet. Les grands aplats, ocres, violets ou gris selon l’heure du jour, mettent parfaitement en scène les soucis de M. Seguin, les galipettes de la chèvre ou l’air étonné des jeunes chamois.
Avec ses caractères originaux parfois noirs, parfois colorés, la typographie rythme la lecture – en la rendant peut-être un peu délicate aux très jeunes lecteurs. Les choix artistiques de l’éditeur, qui œuvre « sans excès de mode ni de conservatisme », offrent aux enfants une belle approche de la gravure contemporaine, dans la grande tradition du livre illustré.

 Dès 5 ans

Alphonse Daudet, La Chèvre de monsieur Seguin, illustrations de Jean-Luc Buquet, Éditions Courtes et Longues, sept. 2010, 50 p., 19 €