Thème

De 5 à 6 ans

Clotilde Jannin, Bertrand Du Guesclin, hardi chevalier

1332, quelque part en Bretagne. Une petite troupe de garnements se lance dans un grand jeu : prendre d’assaut un fortin bricolé avec de vieilles planches. À sa tête, le jeune Bertrand du Guesclin se sent déjà l’âme d’un chef ! Au fil des années, celui qui n’était qu’un écuyer mal dégrossi s’est révélé un chef de guerre infatigable et un meneur apprécié de ses hommes, que ce soit en Bretagne, en France ou en Espagne. Bertrand du Guesclin (env. 1320 — 1380) remporta de nombreux combats lors de ce que nous appellerons « la guerre de Cent Ans ». Fait prisonnier par les Anglais, il fixa à cent mille écus d’or le prix de sa rançon. Le roi le nomma à la tête de ses armées, avec le titre de connétable de France. Clotilde Jannin, mère de famille passionnée par l’Histoire, conte ici les aventures captivantes d’un jeune garçon courageux et déterminé devenu un chevalier estimé de tous. Les illustrations épurées de Fabien Le Clech font entrer le jeune lecteur de plain-pied dans un Moyen Âge coloré et dynamique.

Dès 5 ans

Clotilde Jannin, Bertrand Du Guesclin, hardi chevalier, illustrations de Fabien Le Clech, Ed de la Nouvelle Librairie Jeunesse, 2021, 24 p., 9,90 € — Imprimé en France.

Delphine Perret, Le plus bel été du monde

«  — Les jaunes ?
— Trop petites.
— Et les grandes, celles de Fanette ? Esssaie-les.
— Les vertes, ça va, elles sont un peu trouées mais c’est pas grave. »
Scène de la vie quotidienne dans la grande maison de cette grand-mère quand il s’agit de trouver bottes à son pied ! Du grenier, où à défaut de squelettes on trouve « tous les Mickey », aux escaliers sur lesquels il ne faut pas « laisser traîner tes petites voitures », autant de petits riens croqués d’un pinceau léger, léger…
Et celle-ci encore :
« — Allez jouer, on vous appellera pour le dessert.
— Est-ce que c’est le dessert ?
— Pas encore.
Et sur la page suivante :
« Hé ho ! C’est le dessert ! Vous êtes où ? »
Delphine Perret raconte un été qu’un enfant passe avec sa mère, dans la maison de ses grands-parents. Un été parmi d’autres, qui n’a rien d’exceptionnel mais qui, grâce à cette éternelle capacité d’émerveillement de l’enfance, devient « le plus bel été du monde ».
Mère et fils, complices, partagent des moments fugaces, drôles ou tendres, d’une infinie simplicité et beauté : la découverte des oiseaux et des insectes, la cueillette des mûres, l’araignée dans la salle de bains et bien d’autres encore. Des instants dans lesquels tous les enfants se reconnaîtront — même ceux qui n’ont pas de grands-parents à la campagne. Et puis, « On peut manger une glace même quand il pleut ? Oui on peut. » Chez notre Bonne Maman, oui, nous aussi, on peut ! Idéal pour cultiver les souvenirs des vacances et prolonger l’été dans les cœurs.

Dès 5 ans

Delphine Perret, Le plus bel été du monde, Les Fourmis rouges, 2021, 128 p., 18,50 € — Imprimé au Portugal

Philip Waechter, Une journée extraordinaire

« Pour chasser l’ennui, il ne reste plus qu’une chose à faire : un gâteau aux pommes ! Ah, zut ! il n’y a plus d’œufs ! » Raton laveur, au début de l’histoire, n’a pas plus que nous l’idée de tout ce qui va se passer dès qu’il va partir chercher des œufs ! Car Philip Waechter s’est fait un malin plaisir à inventer un amusant « conte randonnée », qui va réunir Renarde, Blaireau, Corbeau et Ours, jusqu’à une bien sympathique baignade – et retour chez Raton laveur. Avec ou sans les œufs du gâteau ?

Dès 4 ans

Philip Waechter, Une journée extraordinaire, Didier Jeunesse, 2023, 36 p., 13,50 € — Traduit de l’allemand. Imprimé en France

Anne Crahay, L’ours et le pinson

Pic pic pic ! Poc poc poc ! Réveille-toi, Ours ! J’ai quelque chose à te dire. Toute la forêt ne parle que de ça ! » Mais Ours ne se laisse pas mener par le bout du nez, même quand Pinson volette et pépie et l’agace un peu…
« Bien, bien, bien, dit l’ours. Avant toute chose, entre et prends place. Je vais faire bouillir de l’eau. Nous verrons si ce que tu as à me dire traverse la passoire à thé… » Et Ours, contre toute attente et en dépit de l’excitation de Petit Pinson, soumet la fameuse nouvelle aux trois tamis de la vérité, de la bonté et de l’utilité : le propos est-il aussi vrai que cette eau est brûlante ? aussi doux et bon que ce miel dans la tisane ? aussi utile que cette tasse avec laquelle on boit ? Non ? Alors Ours préfère ne pas l’entendre… Et peut-être Petit Pinson devrait-il l’oublier aussi…
Une histoire inspirée d’une fable de Socrate, pour aborder le thème de la rumeur et apprivoiser le silence. Une leçon de philosophie bienvenue, pour garder les pieds sur terre.

Dès 4 ans

Anne Crahay, L’ours et le pinson, Didier Jeunesse, 2023, 32 p., 13,50 € — Imprimé en France

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Capucine Lewalle, Pour que tu t’aimes en grand

« Viens mon enfant, viens dans mes bras te blottir, car j’ai un secret à te dire. Mon secret, il est précieux et le voici : il y a une personne, une seule et unique, avec qui tu passeras toute ta vie. Et cette personne, c’est toi. Alors je te donne pour mission de toujours t’aimer comme il se doit. » Voici un secret que les petits ne comprendront sans doute qu’à mi-voix, il a un côté « message secret » assez intrigant. Mais faites confiance aux petites graines semées dans le cœur des petits, elles sauront grandir et produire de beaux fruits ! Les silhouettes dessinées par Julia Spiers sont tendres et bienveillantes, et les décors fleuris tout doux. Accepter ses imperfections, ses bêtises, ses erreurs, c’est aussi prendre le chemin de la sagesse !

Dès 4 ans

Capucine Lewalle, Pour que tu t’aimes en grand, illustrations de Julia Spiers, Casterman, 2022, 32 p., 12,90 € — Imprimé en Belgique

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Anne Kalicky, Et si on prenait le temps…

« Rosa en a assez de se presser, se bousculer, de courir, de s’activer, de tout faire illico-presto et fissa fissa. » Stop ! Stooop ! « Et si on prenait le temps… » va donc devenir le refrain de cet album. Ralentir, respirer et surtout, rêver… Du matin au soir, à la maison ou en ville, il va s’en passer des choses, de ces choses auxquelles on ne fait plus assez attention, de celles qui vous invitent à mieux voir, à sentir, à vous étirer… Tout cela illustré par le pinceau fantaisiste et primesautier de l’artiste chinoise Lan Qu, qui, vivant en France, capte avec humour nos attitudes et nos habitudes européennes. Vivre lentement le moment présent pour se retrouver enfin, avec Papa et Maman, c’est bien le rêve de tous les enfants !

Dès 4 ans

Anne Kalicky, Et si on prenait le temps…, illustrations de Lan Qu, Gründ, coll. « Le coin des histoires », 2023, 32 p., 14,95 €

Pauline Robinson, Isaure et la fête foraine

Isaure a le droit pour la première fois d’arpenter, seule, la fête foraine. Bruits, cris, couleurs, odeurs… tout est fait pour lui faire tourner la tête. Et devant cette petite confiseuse, qui lui demande si elle préfère des caramels, des berlingots ou des beignets, d’un seul coup, peut-être parce qu’elle a des dents « pointues » ou qu’elle se moque un peu, Isaure se souvient du conte où la « sorcière attire les enfants avec sa maison en bonbons »… Finira-t-elle comme Hansel et Gretel au fin fond de la fête foraine ? Non, bien sûr, car elle va calmer son cœur et se réconcilier avec la petite marchande de douceurs. Une belle histoire sur l’ambivalence, celle de la fête foraine mais aussi celle des sentiments. Avec des illustrations aussi sucrées qu’une pomme d’amour ou qu’une barbe à papa, en auriez-vous douté ?

Dès 5 ans

Pauline Robinson, Isaure et la fête foraine, Seuil Jeunesse, 2023, 40 p., 16,50 € — Imprimé en Italie

Sophie Blackall, La Ferme

Elle est « au-delà d’une colline, tout au bout d’un chemin, au bord d’un ruisseau sinueux », et on la voit bien depuis la colline – ou du haut des ailes de quelque oiseau. Elle, c’est la ferme, « où douze enfants sont nés, ont grandi, ont appris à marcher dans la petite entrée, ont posé assis dans l’escalier de bois et ont été mesurés dos au mur année après année ». Et comme on n’est pas bien riches et qu’il faut occuper ce petit monde, ils ont décoré les murs avec des tampons gravés dans des pommes de terre. Et fat des tartes aux pommes. Prenez bien votre élan pour lire cette magnifique histoire : elle n’est faite que d’une seule phrase, mais longue, longue et tortueuse, longue et chaleureuse, comme la vie en somme. Et les illustrations ont été réalisées « à l’encre de Chine, à l’aquarelle, à la gouache et aux crayons de couleur », mais aussi avec des matériaux récupérés dans une vieille ferme américaine du XIXe siècle – il doit en rester quelques-unes, bien cachées « tout au bout d’un chemin ».

Dès 4 ans

Sophie Blackall, La Ferme, Editions des Eléphants, 2023, 48 p., 15,50 € — Traduit de l’anglais par Ilona Meyer et Caroline Drouault. Imprimé au Portugal

Isabelle Simler, La Ferme, observe et colorie

Un mètre de coloriages sur le thème de la ferme avec des animaux et des plantes dont les contours sont dessinés avec beaucoup de réalisme, quelle bonne idée ! Au verso de ce livre accordéon, une partie documentaire précise les formes et les couleurs des différents éléments représentés. L’artiste en herbe peut ainsi lier la perception à l’apprentissage, et l’observation à la création. Qui saura faire le portrait en couleurs de l’âne, du poulain, du coq, du dindon et de leurs compagnons ? Voilà de quoi occuper avec bonheur un ou plusieurs enfants, car la longueur de la frise permet de partager un bon moment – après quoi, il n’est pas défendu de relire « Les boîtes de peinture », un conte du chat perché signé Marcel Aymé. Au cas où un bambin ait décidé de peindre un mouton en bleu et une vache en violet…

Dès 4 ans

Isabelle Simler, La Ferme, observe et colorie, Editions Courtes et Longues, 2023, 12 pages dépliantes, 9,90 € — Imprimé en France
De la même artiste et dans la même collection : Le Ruisseau, Coléoptères, Fleurs sauvages, La Forêt.

Florence Givelet, Louis et Aimée – Là-haut, vers les cimes

« Ziiiiip. Raphaël ouvre la fermeture éclair d’une tente canadienne, toute blanche, et passe sa tête à l’intérieur.
— Louis, mon ami, tu viens ? On va se promener ! Allez, arrête de faire ta marmotte, sors de ton sac de couchage ! La nature nous attend. »
Et c’est vraiment un paysage de rêve qui apparaît sous le pinceau délicat de Brigitte Mercadier, alias by.bm, avec ses sapins, son torrent, ses chamois sur les cimes. Car il en faut de la délicatesse pour accompagner nos héros dans leurs jeux, des jeux dont on va comprendre qu’ils conduisent au pays de Faisons-comme-si. Louis, que l’on a déjà rencontré dans deux albums, est un garçonnet porteur d’un handicap qui lui impose de longues journées d’hôpital, ponctuées, comme ici, des visites de ses amis et de sa famille. Un album débordant de tendresse.

Dès 5 ans

Florence Givelet de Lespinay, Louis et Aimée – Là-haut, vers les cimes, illustrations de by.bm, Mame, 2023, 32 p., 12,95 € — Imprimé en Pologne

Dominique Fortier, Une histoire dans une bouteille

Voilà un album qui aurait pu nous arriver dans une bouteille, car il nous vient du Québec. Maxime et son Grand-Père habitent « au bord du fleuve, là où l’eau devient salée et commence à se prendre pour la mer ». Avec ce qu’ils trouvent sur la plage, morceaux de bois de grève, coquillages et plumes d’oiseaux, Grand-Père fabrique des bateaux ; il les glisse dans des bouteilles, qui parfois, reviennent s’échouer sur la plage – alors, il recommence, et c’est encore plus beau. Dominique Fortier et Steve Adams unissent leurs voix dans cette ode à la beauté secrète de la mer, qui est aussi un message d’amour entre un grand-père et son petit-fils.

Dès 5 ans

Dominique Fortier, Une histoire dans une bouteille, illustrations de Steve Adams, Editions de la Bagnole, 2023, 32 p., 14,90 € — Imprimé en Chine

James Joyce, Le Chat et le diable

Un beau jour d’août 1936, James Joyce écrit à son neveu Stephen – mais pas une simple carte postale, non, tout un conte, celui du chat de Beaugency. Du chat, du pont et du diable qui accepta de le construire. Car, dans les temps anciens, il était bien difficile de passer la Loire sur de simples barques… Or le diable, qui, si on en croit les légendes, a construit des ponts un peu partout en Europe, proposa aussi ses talents au maire de Beaugency. Comme souvent, il demanda en échange la « première âme » qui franchirait ce pont. Et bien sûr, ce fut un charmant chat noir qui fit les frais de l’inauguration – mais le conte ne dit pas ce qu’il advint de lui. Gageons que ses descendants chassent toujours souris et mulots des bords de Loire. Un album délicieusement illustré par Maria Mikhaylova, jeune artiste russe diplômée de l’école des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, avec moult clins d’yeux au Beaugency médiéval.

Dès 5 ans

James Joyce, Le Chat et le diable, illustrations de Maria Mikhaylova, Est Tastet, 2023, 28 p., 20 € — Traduit de l’anglais par Samuel Tastet. Imprimé en Europe