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Les Boîtes de peinture

Marcel Aymé, Les boîtes de peinture

Marcel Aymé, Les boîtes de peinture

« Un matin de vacances, Delphine et Marinette s’installèrent dans le pré, derrière la ferme, avec leurs boîtes de peinture. Les boîtes étaient toutes neuves. […]
– Bonjour, les petites. Qu’est-ce que vous faites avec ces boîtes ?
Marinette lui répondit qu’elles se préparaient à peindre et lui donna toutes les explications qu’il souhaita.
– Si tu veux, ajouta-t-elle, je vais faire ton portrait.
– Oh ! oui, je veux bien, dit l’âne. Nous, les bêtes, on n’a guère l’occasion de se voir tel qu’on est.
Marinette fit poser l’âne de profil et se mit à peindre. De son côté, Delphine entreprit le portrait d’une sauterelle qui se reposait sur un brin d’herbe. Appliquées, les petites travaillaient en silence, tirant la langue du côté où penchaient leurs têtes. »
Peindre, certes, mais réussir un portrait, ce n’est pas si facile… surtout quand la malice de Marcel Aymé s’en mêle et intervertit les qualités des animaux de la ferme avec celles de leurs reproductions maladroites ! L’âne trébuche sur ses deux pattes, la sauterelle disparaît dans la verdure, le cheval est plus petit que le coq, et les deux bœufs blancs, peints sur une feuille blanche, ont bel et bien disparu…
Un des plus célèbres Contes du Chat perché, illustré ici avec humour et tendresse par les bois gravés de May Angeli, dans une belle mise en page, très lisible.

Et si vos enfants veulent s’initier à la linogravure avec May Angeli, la bibliothèque Vaclav Havel (Paris 75012) propose un atelierhttps://bibliotheques.paris.fr/Default/doc/QUEFAIRE/56490/atelier-gravure-sur-bois-avec-may-angeli?_lg=fr-FR le 27 octobre prochain.

Dès 6 ans

Marcel Aymé, Les Boîtes de peinture, bois gravés de May Angeli, Les Editions des Elephants, 2018, 48 p., 15 €. Imprimé au Portugal.

Marcel Aymé, Les Boîtes de peinture

Marcel Aymé, Les Boîtes de peinture

Delphine et Marinette « avaient peint d’une si grande ardeur que leur façon de voir s’était très vivement imposée à leurs modèles ». Résultat ? L’âne n’a plus que deux pattes, le cheval a rapetissé, quant aux bœufs… Leur double portrait pourrait voisiner avec le « carré blanc sur fond blanc » de Malevitch – mais chut ! Est-ce bien correct de révéler aux enfants ce léger pied de nez au conformisme ? Reste que les petites sont bien émues. Pas tant de la crainte d’être punies pour leur désobéissance, que de la zizanie qu’elles ont semé parmi leurs amis.
Le vétérinaire, appelé par des parents à la rationalité bien assise, n’aura pas le temps de constater les atteintes de cette « maladie de peinture ». Marcel Aymé n’ayant jamais douté des talents diplomatiques de la gent ailée, le canard, pas cancanier pour deux sous, réconcilie bientôt la cour et la basse-cour.
L’histoire ne dit pas si les fillettes ont fait des progrès en peinture, ou si les animaux se sont initiés à l’art abstrait…

Dès 7 ans

Marcel Aymé, Les Boîtes de peinture, un Conte du Chat Perché, illustré par Roland et Claudine Sabatier, Gallimard Jeunesse, Folio Cadet, 2002, 64 p., 6 €