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François Place

François Place, L’enfant, le peintre et la mer

« J’ai beau n’y rien comprendre, je sais que Ricardo ne cherche pas juste à reproduire ce qu’il voit. C’est un peu comme si, avec papa, on restait à guetter pendant des mois un poisson merveilleux qui n’existe pas. Mais on en apprendrait tellement sur les nuances de la mer, sur la forme des vagues […] qu’on finirait par être capables de l’inventer. »
François Place nous revient avec un album qui nous entraîne loin, du fond d’une grotte marine aux premiers essais artistiques, puis très pudiquement amoureux d’un jeune garçon – qui a parfois tendance et, on peut le regretter, à parler avec un peu de relâchement. Les dessins de François Place sont à la fois énergiques et tendres – une belle entrée dans le monde de l’art pictural.

Dès 7 ans

François Place, L’enfant, le peintre et la mer, L’Ecole des Loisirs, 2023, 52 p., 15 €

J.-P. Arrou-Vignod et F. Place, Olympe de Roquedor

A peine sortie du couvent pour être mariée contre son gré à un jeune freluquet, Olympe, 17 ans, profite de l’embuscade tendue à sa berline pour prendre la poudre d’escampette. Pas facile de courir les bois en tenue de marquise – car elle est marquise, notre demoiselle de Roquedor, et orphenine. Sa rencontre avec Décembre, un vieux soldat borgne et amnésique, et avec Oost, un jeune marin déserteur, va lui permettre d’échapper à autant de pièges, de félonies, de cavalcades et de mauvais hasards qu’il en faut pour vivre un vrai roman de cape et d’épée. Olympe de Roquedor est évidemment nettement plus féministe que Les Trois Mousquetaires ou Le Capitaine Fracasse, mais voilà, non seulement c’est dans l’air du temps, mais de plus, ce sont bien les lectrices qui font vivre les romanciers. Le jeune promis est vraiment très, très niais, mais il lui sera pardonné car il vit sous la férule d’un père qui se révèle vite être le « grand méchant » de l’intrigue. Et comme mademoiselle de Roquedor ne peut décemment tomber amoureuse d’un marin sans le sou, elle le laissera volontiers à la fille de sa nourrice (sa « meilleure amie » au demeurant). Les principes seront saufs… et sa fortune aussi. A bon entendeur ! Le vrai moteur du roman, c’est donc la belle amitié qui lie Olympe, Décembre et Oost, un trio improbable mais aux relations bien plus fines qu’il y paraît de prime abord.
Osons une comparaison « de cape et d’épée » : si la berline dans laquelle voyage Olympe au début du roman est tirée par quatre chevaux, le roman, lui, est écrit à quatre mains, et cet attelage-là est bien plus performant ! Les rebondissements sont menés de main de maître – ou faut-il dire de mains de maîtres ? En effet, si François Pace a réalisé quelques dessins pour illustrer le roman, il a aussi associé son imaginaire à celui de Jean-Philippe Arrou-Vignod. Prenez votre rapière, et en selle, vite, Roquedor vous attend !

Dès 12 ans

Jean-Philippe Arrou-Vignod et François Place, Olympe de Roquedor, illustrations de François Place, Gallimard Jeunesse, 2021, 304 p., 16,50 € — Imprimé en France

François Place, Le Chêne

Dans le rôle-titre, un magnifique chêne d’une forêt de Sologne : Du haut de ses 17,50 m et de ses 212 ans, il a même connu Napoléon ! Les héros du film ? L’écureuil roux, le geai des chênes, le mulot sylvestre, le balanin du chêne (un coléoptère dont j’ignorais le nom !)… Au fil des saisons, Laurent Charbonnier et Michel Seydoux ont réalisé de superbes images et, de ces 350 heures de rushs, ont monté un film à grand spectacle. Que vos enfants aient vu ou non le film, cet album leur fera découvrir cet arbre majestueux et ses habitants. Qui mieux que François Place, l’illustrateur de Tobie Lolness, pouvait raconter et illustrer cet album, enrichi de photos du film, de QR codes dirigeant vers des extraits sonores et des petits secrets du tournage ? Près de chez vous, il y a sûrement un chêne à observer en ce début de printemps !

Dès 6 ans

François Place, Le Chêne, Belin Jeunesse, 2022, 56 p., 15,90 € — Imprimé en France

Jean Giono, Le petit garçon qui avait envie d’espace

« Il y avait un petit garçon qui habitait un pays de plaines. Tous les dimanches après-midi il allait se promener avec son père dans des chemins bordés de haies. » Mais pour qui marche entre les haies, la question demeure : qu’y a‑t-il donc au-delà ? Et notre garçon de rêver… Grimper aux arbres, aussi haut que les écureuils et les oiseaux… Et puis un jour — ou plutôt une nuit – le voilà au pied d’un escalier merveilleux qui s’enroule autour d’un arbre immense. « Le plus grand étonnement du petit garçon fut de se rendre compte que l’œil pouvait voir si loin. Il comprenait maintenant ce qu’on voulait dire quand on disait “à perte de vue”. C’était très loin. C’était même si loin que peut-être ça n’existait pas. Car sa vue ne se perdait pas, elle s’en allait simplement jusqu’à l’endroit où le tapis de l’espace rejoignait le tapis du ciel. »
Les illustrations de François Place font merveille pour donner plus de vie encore à ce très beau texte, retrouvé dans les archives de Jean Giono et facile d’accès pour les jeunes lecteurs. Une initiation bienvenue à la « grande littérature ».

Dès 8 ans

Jean Giono, Le petit garçon qui avait envie d’espace, illustrations de François Place, Gallimard Jeunesse, coll. « Folio Cadet Les Classiques », 2018 (réédition), 48 p., 6,50 € — Imprimé en Espagne

François Place, Angel, l’Indien blanc

François Place, Angel, l’Indien blanc

« Je me précipitai en bas de mon perchoir. Il y avait un attroupement sur le pont. Au centre, le bosco parlait en claquant des dents. Ses paupières tressautaient. De l’endroit où nous étions, il avait vu, en se penchant par-dessus la lisse, apparaître une sorte de spectre. Cela glissait sur l’eau, debout dans une embarcation, en émergeant lentement du brouillard, sans un bruit, pareil à un esprit. Arrivé à sa hauteur, la face énigmatique s’était tournée vers lui en grimaçant un sourire.
Un horrible sourire.
Un sourire à deux bouches. »
Il y a plusieurs semaines que Le Neptune navigue dans les mers australes. Son capitaine a pris possession, au nom du roi Louis XV, des terres découvertes – îles, presqu’îles ? Angel, jeune métis d’un indien et d’une française, passager clandestin puis matelot, est bientôt pris en otage par cette curieuse peuplade à deux bouches. A ce moment du récit, est-on encore dans le monde réel des géographes ou déjà dans un monde imaginaire, né de nos rêves d’explorateurs ? En effet, loin de décrire des Alakalufs comme Jean Raspail, François Place invente un peuple étrange, les Woanoas, dont les coutumes empruntent autant aux chamans du Grand Nord qu’aux peuples du Pacifique. Etrange construction ethnologique et poétique à la fois ! Mais en rien irénique, car, dans ce roman d’aventure, la violence est partout : violence des éléments, violence des baleines tueuses et des grands phoques, violence des hommes, en particulier des « Plumes grises ». Ces adolescents vivant en marge du village se défient à la chasse et, au printemps, partent cueillir de curieuses « fleurs de mer » dont les fumigations « ouvrent les yeux dans la brume » et « donnent forme aux Esprits du Feu et du Froid ». Et honni soit qui mal y pense !

Dès 12 ans, adolescents et adultes

François Place, Angel, l’Indien blanc, Casterman, 2014, 230 p., 15 €

Timothée de Fombelle, Victoria rêve

Timothée de Fombelle, Victoria rêve

«  — Si tu libères les trois Cheyennes demain, expliqua Jo, elle a promis que tu n’aurais pas d’ennuis.
— On ne parle pas d’ennuis, on parle de mon scalp, dit Victoria en empoignant l’écharpe de Jo. Si d’autres apprennent que je les cache chez moi, je suis fichue. »
Pourquoi et comment ces trois Cheyennes ont-ils fait irruption dans la petite ville de Chaise-sur-le-Pont ? Est-ce seulement parce que « Victoria rêve » ? Fiction, rêve, réalité… Les subtils « passages secrets » imaginés par Timothée de Fombelle font passer le lecteur d’un monde à l’autre et lui permettront de retrouver la vieille horloge et bien d’autres secrets : la complicité, l’amitié, la solidarité, la beauté du monde… Quelques clés sont cachées dans les rayons de la bibliothèque dessinée par François Place sur les rabats du livre.

Dès 10 ans

Timothée de Fombelle, Victoria rêve, illustrations de François Place, Gallimard Jeunesse, 2012, 112 p., 13,50 €. Existe aussi en livre audio, lu par l’auteur, coll. « Ecoutez lire », Gallimard Jeunesse, 12,90 €.

François Place, Les Derniers Géants

François Place, Les Derniers Géants

« C’est au cours d’une promenade sur les docks que j’achetai l’objet qui devait à jamais transformer ma vie : une énorme dent couverte de gravures étranges. L’homme qui me la vendit en demandait un bon prix, prétextant que ce n’était pas une vulgaire dent de cachalot sculptée, mais une “dent de géant”. » Au XIXe siècle, notre monde n’a pas encore rétréci : il reste des terres à conquérir, des peuples à découvrir, et des savants un peu fêlés – anglais comme il se doit – pour se lancer dans de grandes expéditions. Mais est-ce bien raisonnable d’aller taquiner les Géants ? Merci Fabienne et bon anniversaire à Aurore !

Dès 7 ans

François Place, Les Derniers Géants, Casterman, 2008, 72 p., 16,95 €

Erik L’Homme, Contes d’un royaume perdu

Erik L’Homme, Contes d’un royaume perdu

« Chitral est un pays perdu au bout du monde, un royaume de vallées sauvages, cerné par des montagnes immenses. » Ainsi débute le conte de « Nano Begal, la Maman de Begal », dans lequel une simple paysanne en remontre au roi de son pays lors d’une partie de polo.
De pauvres villageoises comme Nano Begal, des joueurs de polo acharnés, des chasseurs comme le Roi au corbeau ne sortent pas directement de l’imagination d’Erik L’Homme, non, il les a vraiment rencontrés ! C’était lors d’une expédition au Pakistan, il y a une vingtaine d’années. Quant aux demoiselles rêveuses… ce ne sont pas leurs sourires qu’Erik, son frère Yannik et leur ami Jordi étaient partis quêter, non, ce qui passionnait alors ces trois aventuriers, c’étaient des « pas dans la neige ».

Dès 7 ans

Erik L’Homme, Contes d’un royaume perdu, illustré par François Place, Gallimard Jeunesse, 48 p., 12 €