Mot-clef

Daniel Egnéus

Carole Trébor, Maroussia, celle qui sauva la forêt

Carole Trébor, Maroussia, celle qui sauva la forêt

Maroussia et sa grand-mère vivent dans une modeste isba, « entre la plaine infinie et la forêt dense », protégées par les esprits de la forêt à qui elles ne manquent pas de déposer des offrandes « dans la clairière sacrée, au pied du grand chêne », car les traditions païennes restent bien ancrées dans ce village perdu. Jusqu’au jour où, sur ordre du tsar Nicolas II, le village se voit destiné à être détruit pour laisser passer la ligne du Transsibérien. Si les sujets du tsar ne peuvent rien contre une telle décision, le petit peuple magique de la forêt, lui, n’a pas dit son dernier mot ! Qui donc va faire en sorte que le jeune Alexeï, le fils du gouverneur, se perde dans la forêt, se cache dans l’arbre qui pleure et soit sauvé par Maroussia ? Et qu’obtiendra-t-elle en récompense ? Carole Trébor, qui a vécu plusieurs années en Russie, s’est inspirée de la culture russe traditionnelle et de la mythologie slave pour inventer ce conte dont les personnages croisent aussi la grande Histoire. Le grand format de l’album permet à Daniel Egneus de déployer tout son talent : les couleurs traditionnelles si vives et si dansantes des costumes slaves ont fort à faire face au grand loup noir et au tout aussi noir monstre Bouka !

Dès 7 ans, mais aussi pour les plus grands

Carole Trébor, Maroussia, celle qui sauva la forêt, illustrations de Daniel Egneus, Little Urban, 2021, 40 p., 19,90 € — Imprimé en Belgique

Isabel Thomas, Renarde

Chaudement habillés, nous entrons sous le couvert des bois…  Sur le sol gelé se devinent les traces d’un renard. D’une renarde, plutôt, en chasse pour nourrir ses renardeaux. Les voici, le printemps venu, qui sortent du terrier et jouent à croquer des papillons. Une nuit, ils suivent enfin leur mère à la chasse. Et là, c’est le drame. « La renarde est aveuglée par les phares. La voiture freine… Trop tard. La renarde est projetée… dans un méli-mélo d’herbes écrasées. La renarde se roule en boule, le rythme de son cœur ralentit, son dernier souffle est suspendu dans l’air. » Et nos trois orphelins de regagner leur tanière. Pourtant, le récit ne fait que commencer. Au fil des jours, très naturellement, « la renarde commence à s’estomper » — et même si le mot est poétique, la réalité décrite est strictement biologique. Parce que, « si la mort est la fin d’une vie », « la fin d’une histoire », elle est aussi « un renouveau, le début d’une vie pleine d’espoir », car la dépouille de la renarde va nourrir d’autres animaux, explique l’auteur. L’album se termine par une double page documentaire qui aborde la disparition comme un phénomène naturel avec des mots simples et sensibles. Je ne suis pas assez férue de philo pour faire un rapprochement avec les écoles bouddhistes ou avec les atomistes grecs, mais il y a de cela dans cet album, servi par de superbes illustrations. A conseiller après la disparition d’un animal de compagnie, pas forcément pour aider au deuil d’un proche.

Dès 7 ans

Isabel Thomas, Renarde, illustrations de Daniel Egnéus, Editions Quatre Fleuves, 2021, 48 p., 12,90 € — Traduit de l’anglais. Imprimé en Chine.