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coll. medium

Davide Morosinotto, La fleur perdue du chaman de K

Davide Morosinotto, La fleur perdue du chaman de K

Laila a douze ans. Bientôt, elle aura des amis, et un walkman. Elle fera un très long voyage, semé d’embûches, de nuits à la belle étoile, de navigations sur l’Amazone. Mais elle ne le sait pas encore. Elle ne sait pas non plus qu’elle présente tous les symptômes d’une maladie incurable, la maladie de Batten. Et que même la fleur perdue du chaman ne pourra rien pour elle. Pour le moment, elle va subir des examens de la vue dans un hôpital de Lima, où son père est diplomate. Et nous tremblons avec elle parce que le chauffeur a verrouillé les portières, que le quartier n’est pas sûr, mais surtout parce que ces examens vont l’obliger à passer plusieurs jours dans un service de pédiatrie. A moins… à moins qu’elle ne décide de prendre son destin en main. A la fin de ce roman de formation, mené tambour (de chaman) battant, Laila aura ces mots extraordinaires : « Je vais mourir. Mais ça va aller. Parce que j’ai vécu. » Après Le célèbre catalogue Walker & Dawn, Davide Morosinotto embarque ses lecteurs à la recherche non seulement de la fameuse fleur mais à ce qui fait le sel de la vie : des aventures partagées avec des amis, de vrais amis.

Dès 12 ans

Davide Morosinotto, La fleur perdue du chaman de K, Illustrations de Paolo Domeniconi, Ecole des Loisirs, coll. Médium, 2021, 486 p., 18 € — Traduit de l’italien

Lauren Wolk, La montagne qui m’a sauvée

La famille d’Ellie, 12 ans, la narratrice de ce roman, a quitté la ville lors de la Grande Dépression qui a contraint nombre d’Américains à repenser leur vie du tout au tout. La voilà donc installée, vaille que vaille, au pied de la montagne aux Echos, à vivre, ou survivre, de chasse, de pêche, d’un potager et de troc avec les familles voisines. Quand son père se retrouve dans le coma, Ellie va tout faire pour le guérir. Jusqu’à se risquer au sommet de la montagne, où vit une femme réputée un peu « sorcière »… Au fil des pages, elle se lie d’une belle amitié avec Larkin, qui a sculpté pour elle de minuscules objets en bois, et s’avère être le petit-fils de Cate, la « sorcière », autrefois infirmière, mais immobilisée par une grave blessure. Cate, qui pourrait aider à guérir son père, si elle-même s’en sort. Il entre un peu de naïveté dans une série de « coïncidences » romanesques mais l’essentiel n’est pas là : il est dans le courage, la patience, l’abnégation, la débrouillardise, l’empathie dont fait preuve Ellie, dans son amour de la nature, pourvoyeuse de trésors à ceux qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Plus qu’un manuel de survie ou qu’une expérience de survivalisme, le roman met en valeur des adolescents positifs, qui ne rechignent ni à couper du bois, ni à récolter du miel sauvage, ni à se priver de nourriture pourvu que la chienne puisse allaiter ses petits. Ellie, libre comme l’air, choisit de faire face, d’être responsable de la santé des autres, et voit s’affirmer sa vocation d’infirmière, ou de médecin. Cate guérit, le père d’Ellie se réveille de son coma, Larkin deviendra luthier, tout est bien qui finit bien. Ecologie, féminisme et valeurs traditionnelles font bon ménage dans ce roman d’apprentissage aux multiples rebondissements.

Dès 11 ans

Lauren Wolk, La montagne qui m’a sauvée, L’Ecole des loisirs, coll. « Medium », 2021, 416 p., 18 € — Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Anne de Béru.

Davide Morosinotto, Le célèbre catalogue Walker & Dawn

Peter, dit P’Tit Trois, Eddie, dit Eddie Zyeuxbigleux, Julie, dite Jolie Julie ou Joju, et enfin Min, pour Minuscule : nos quatre héros sont avant tout des enfants du bayou, cette Louisiane des marais, où les familles pauvres subsistent vaille que vaille. Impécunieux, certes, mais libres et débrouillards. Alors, quand une pêche miraculeuse leur offre trois dollars au fond d’une boîte de conserve, les imaginations prennent leur envol. Trois dollars de 1904, et un catalogue de vente par correspondance, qui fourmille d’objets les plus tentants les uns que les autres. Leur choix ? Un pistolet, un vrai ! Mais quand le colis arrive enfin, il contient une montre gousset détraquée… « Remboursement garanti » ? Sans un sou en poche, les quatre amis décident alors d’aller rendre la montre… à Chicago ! Davide Morosinotto entraîne les lecteurs dans un voyage déjanté, en canoë, en train, en bateau, agrémenté de poursuites et d’arnaques – voire de meurtres. Dernière embûche : en Louisiane, on parle encore français ! Mais la fortune sourit aux audacieux. Le roman est illustré de reproductions d’un catalogue du genre « Manufacture de Saint-Etienne » et de vieux plans de ville pour mettre dans l’ambiance de cette Amérique disparue. Le traducteur précise que des « éléments scandaleux » (tabac, alcool et allusions « à caractère sexuel ou racial ») peuvent « heurter un enfant moderne et responsable », lequel lira donc ce livre… à l’abri des regards de ses parents. Rassurez-vous, c’est juste pour rire !

Adolescents

Davide Morosinotto, Le célèbre catalogue Walker & Dawn, L’École des loisirs, coll. « Médium », 2018, 336 p., 18 € — Traduit de l’italien. Imprimé en France

Flore Vesco, L’Estrange Malaventure de Mirella

Mirella, « des pieds à la tête de guenilles accoutrée », est porteuse d’eau dans la bonne ville d’Hamelin, sur les rives de la Weser. A une date incertaine de la fin du XIIIe siècle, sous le règne de Rodolphe de Habsbourg. Primesautière, insolente, généreuse, la jouvencelle de 15 ans ne s’en laisse pas conter, ni par les échevins, ni par les mendiants, ni par tous ceux qui se situent entre les deux. Hamelin ? N’est-ce pas cette ville envahie par les rats, dont un joueur de flûte, grugé par les autorités, emporte les enfants ? Et si les frères Grimm n’avaient pas dit toute la vérité ? Ces rats, au Moyen Age, quel mal annoncent-ils de ville en ville ? La peste, la peste, la terrifique peste… Mirella affronte moult périls : De qui est-elle réellement la fille ? Pourquoi la dit-on sorcière ? Qui est cet intrigant homme en noir ? N’est-ce pas bien dangereux de s’en éprendre ? Quant à danser avec lui… Est-ce valse ou danse macabre ? Mirella, ce sont aussi des chansons naïves – Mi, Ré, La – pour la plus grande joie des petits enfants et le réconfort de ses amis les lépreux.
Flore Vesco réinvente le conte – et joue des mots avec son talent habituel. Bien malin celui qui, sans s’aider du lexique en fin de volume, saura discerner d’un coup d’œil les termes empruntés au Moyen-Age et les créations farfelues et oh combien ! réjouissantes de Flore Vesco.

Adolescents

Flore Vesco, L’Estrange Malaventure de Mirella, L’Ecole des Loisirs, coll. « Médium + », 2019, 215 p., 15,50 € — Imprimé en France

Jean-François Chabas, Les filles de Cùchulainn

Jean-François Chabas, Les filles de Cùchulainn

« Quelle était la véritable histoire du grand Shire ? Nous autres, gens des îles, aimons les mystères ; je crois que nous n’en aurons jamais notre compte. Et à cause de cette énigme qui s’attachait à ses origines et  son acquisition, j’ai encore plus aimé Cùchulainn. » Cet immense cheval noir et borgne, « paisiblement rétif », est la seule consolation qui reste à la narratrice quand son mari périt en mer. Huit mois après cette disparition, naissent des jumelles, Esther et Rebecca, enfants miroirs, qui ne communiquent qu’entre elles et passent pour simplettes. Cùchulainn, tel le héros de la mythologie celte dont il porte le nom, est-il comme lui « doté de pouvoirs magiques et divinatoires » ? L’étrange complicité qui le lie aux jumelles sauvera la famille et l’île entière de brigands malfaisants.
Un roman qui respire les embruns, à lire un jour de tempête, blotti dans une stalle ! Une belle réflexion sur le couple, la maternité, la filiation, aussi insolite qu’originale.

Adolescents

Jean-François Chabas, Les filles de Cùchulainn, L’Ecole des loisirs, coll. Medium, 2013, 110 p., 8,50 €