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coll. « Avant de devenir… »

Sophie Humann, Henri IV, le prince de la paix

Sophie Humann, Henri IV, le prince de la paix

« De toute la hauteur de ses trois ans et deux mois, Henri est entré dans le palais […]. Le roi lui-même, étonné par cet enfant souriant, éveillé et rose, le prit sur ses genoux et l’embrassa. A la fois pour flatter ses parents et pour voir sa réaction, il lui lança :
— Voulez-vous être mon fils ?
Henri comprenait le français, mais il ne parlait que le béarnais. Il se retourna aussitôt, et, montrant son père du doigt, il répondit d’un air sérieux :
Aquet es lou seigne reï !
Henri II se fit traduire la réponse qui signifiait : “Mon père, c’est le seigneur roi, là-bas !” »
Du Béarn à l’Ile-de-France, d’adieux en retrouvailles, de chevauchées en intrigues, de psaumes protestants aux grand-messes catholiques, Henri de Navarre vit une jeunesse bien compliquée. Tout le mérite de ce roman historique est de parvenir, sans lasser le jeune lecteur, à faire revivre ces années de tensions permanentes et de conflits politiques autant que religieux. Il n’élude en rien la violence des affrontements, notamment lors de la Saint-Barthélemy, ni celle de la vie de tous les jours – naissances, accidents, maladies… — avec ici ou là de brefs moments plus paisibles : une partie de saute-mouton, un tournoi à Bayonne, un air de luth à Nérac. Captivant, pour de bons lecteurs.

Dès 10 ans

Sophie Humann, Henri IV, le prince de la paix, Belin Jeunesse, coll. « Avant de devenir… », 2016, 149 p., 8,50 €

Viviane Koenig, Léonard de Vinci, l’homme aux mille talents

Viviane Koenig, Léonard de Vinci, l’homme aux mille talents

«  — Jamais Léonard n’oublia sa première journée à l’atelier du célèbre Verrochio, un artiste aux talents multiples […]. Loin d’avoir peur, le nouvel apprenti ressentait une joie immense, une telle envie d’apprendre qu’il se leva avec le soleil et le sourire dès le premier matin ». Nous sommes à Florence au printemps 1466. Léonard vient d’avoir 14 ans – un anniversaire que personne n’a songé à lui fêter, mais qui signifie son entrée dans le monde des adultes. Quel avenir se dessine pour ce jeune garçon, prodige certes mais né de parents « qui s’étaient aimés sans être mariés » ?
Le roman insiste sur ce besoin de revanche sociale et de conflit œdipien avec Maître Piero, son notaire de père, peut-être avec des yeux d’aujourd’hui ; il ne fait pas l’impasse sur l’accusation d’homosexualité dont fut victime Léonard de Vinci et qui lui valut de la prison. Cela précisé, le roman éclate de joie de vivre, d’énergie solaire, de labeur et d’imagination créative, dans l’ambiance magique de Florence et de l’atelier du maître. Léonard, Verrochio, Botticelli, Alberti, Ucello et leurs compagnons : quelle explosion de talents !

Dès 11 ans

Viviane Koenig, Léonard de Vinci, l’homme aux mille talents, Belin Jeunesse, coll. « Avant de devenir… », 2016, 204 p., 8,50 €

Jean-Paul Gourévitch, Jules César, l’ascension d’un chef

Jean-Paul Gourévitch, Jules César, l’ascension d’un chef

« César et ses amis avaient choisi de rejoindre le haut de la colline du Viminal où ils allaient expérimenter un nouveau jeu copié sur celui lancé il y a quelques semaines par la bande de l’Esquilin, ‘le jeu du char furieux’, dont les enfants se racontaient les exploits dans les cours d’école. » Un jeu interdit par les adultes. Un jeu qui permet au jeune César, 11 ans et 5 mois, de montrer son courage et son jeune talent de chef de bande.
Ce roman historique, dans la collection « Avant de devenir… », imagine quelle put être la vie de Jules César entre 90 avant J.-C. et 74 avant J.-C., quand César est capturé par les pirates. S’appuyant sur une excellente documentation historique, Jean-Paul Gourévitch n’a pas son pareil pour faire revivre la vie quotidienne d’un adolescent romain, entre amitiés, bagarres, jeux équestres et études. Sans oublier un intérêt certain pour les demoiselles, sauf pour Cossutia, 11 ans, sa petite fiancée qui joue encore à la poupée…

Adolescents

Jean-Paul Gourévitch, Jules César, l’ascension d’un chef, coll. « Avant de devenir… », Belin Jeunesse, 2015, 192 p., 7,90 €

Sylvie Bagès, Du Guesclin, le chevalier intrépide

Sylvie Bagès, Du Guesclin, le chevalier intrépide

« — Salut, les mauviettes de Pen-an-Hoët ! Petits gardiens de porcs, cochons vous-mêmes, la clairière est encerclée. Rendez-vous ou il vous en cuira !
— Jamais ! ripostèrent les porchers d’une seule voix. Plutôt mourir que nous rendre !
— A moi, Guesclin ! cria Bertrand. A moi, ceux de Broon ! Donnons une raclée à tous ces morveux ! Pas de quartier ! »
Cette bagarre, dans le plus pur style de La Guerre des boutons, oppose des galopins du village de Broon, en Bretagne, dans les années 1329. Parmi les attaquants, le jeune et intrépide Bertrand du Guesclin. Il a beau être d’un physique ingrat, sa force et sa vaillance font déjà de lui un chef de bande apprécié. Ce roman historique bien documenté fait revivre la haute figure de Bertrand du Guesclin (1320–1380) de sa prime enfance jusqu’en 1357. Rien n’y manque : ni ses fugues, ni ses ruses ; derrière le « Dogue noir de Brocéliande », nous volons de tournois en embuscades.
Curieusement,  le style du roman balance, sans trop choisir, entre pastiche de français médiéval (« vous menez laide vie »), récit historique classique (« le 30 avril 1341, la Bretagne apprit la mort de Jean III ») et expressions imagées droit sorties de la cour de récréation (« Total respect ! »). Comme dans de nombreux ouvrages destinés aux collégiens, un dossier documentaire complète le roman : repères chronologiques, guerre de Cent Ans, techniques de combat, biographie complète de Du Guesclin.

A partir de 12 ans

Sylvie Bagès, Du Guesclin, le chevalier intrépide, Belin Jeunesse, coll. « Avant de devenir… », 2014, 200 p., 7,90 €