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Carl Norac

Carl Norac, Lancelove, le chevalier aux mille monstres

Lancelove, monté sur son fier destrier Galopin de Pas-Marrant, n’est pris au sérieux ni par les autres chevaliers ni par la princesse Laudine dont il est secrètement amoureux. Au moment où tous se séparent pour partir à l’aventure, Lancelove annonce qu’il rapportera le Chat-Ours, un animal mi-chat mi-ours (on s’y serait attendu !), que personne n’a jamais trouvé. Le Pays Imaginaire ouvre ses portes à Lancelove (mot de passe : ?Vénéneux1515 !) et c’est parti pour une chevauchée entre monstres, forêts enchantées et dragons – bref, le quotidien de tout chevalier qui se respecte. Une foule de jeux de mots, une once de philosophie (« dans la vie, sans se poser de questions, on n’avance pas ») et hop ! entre une invocation à Saint Chrétien de Troyes et au Chevalier Lorris de Meung, le chat-ours tombe dans l’escarcelle de Lancelove. Il ne reste plus qu’à rentrer et à apprendre quels sont les projets de Laurine. Les illustrations de Juliette Barbanègre sont aussi denses et colorées que l’imagination de Carl Norac, qui se fait un malin plaisir de parodier gentiment les chansons de geste.

Dès 8 ans

Carl Norac, Lancelove, le chevalier aux mille monstres, illustrations de Juliette Barbanègre, L’Ecole des Loisirs, coll. Pastel, 50 p., 13,50 € — Imprimé en Italie.

Carl Norac, La Harpe de la Reine ou le journal intime de Marie-Antoinette

« Je vais vous raconter des secrets que mes amies, princesse de Lamballe ou duchesse de Polignac, ne devinent même pas. Mais pas d’impatience, jouons, je veux écouter votre musique. Notre musique.
Il suffit qu’une harpe soit dans la pièce pour qu’un sourire me vienne et que je devienne, plus que Reine ou femme, une rêveuse de jour. »
Avec ce « journal intime de Marie-Antoinette », Carl Norac nous offre une merveilleuse plongée dans la vie musicale de Versailles au XVIIIe siècle. Marie-Antoinette se confie à sa chère harpe : savez-vous qu’elle en jouait plus d’une heure par jour avec son professeur ? Carl Norac raconte avec beaucoup de pudeur la vie de cette jeune reine si mal aimée, qui reprend vie avec la voix de la comédienne Marina Hands. Après l’évocation des heures heureuses, l’album se termine par un cauchemar où le « carrosse devient un chariot » — non, en fait, il se termine par le rondo du Concerto pour harpe et orchestre n°5 de Jean-Baptiste Krumpholtz, magnifiquement interprété par le harpiste Xavier de Maistre et les Arts Florissants de William Christie – excusez du peu ! L’album grand format est illustré par Eric Puybaret, qui n’a pas son pareil pour peindre les rêves, fussent-ils ceux d’une reine de France. Plaisir des yeux, plaisirs des oreilles – à déguster avec quelques jolis macarons !

Dès 8 ans

Carl Norac, La Harpe de la Reine ou le journal intime de Marie-Antoinette, illustrations d’Eric Puybaret. Un livre CD raconté par Marina Hands, avec Xavier de Maistre à la harpe et Les Arts Florissants de William Christie, Editions Little Village et Harmonia Mundi, 2019, 60 p., 22 € — Imprimé en Europe.

Carl Norac, Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête

Désolé de ne pas recevoir de courrier, monsieur Satie « décide de s’écrire une lettre à lui-même. Bien cher moi, commence-t-il, heureux de sa formule. Et après ? » Après, le facteur la lui apportera, cette lettre, et d’autres suivront. C’est qu’il est bien seul, Erik Satie, et bien pauvre aussi : il « n’a même pas assez d’argent pour s’acheter un oiseau. Alors, dans une petite cage, il a mis le dessin d’un oiseau ». Dans ce superbe livre-CD, on sent que Carl Norac est vraiment chez lui : ses mots, doux amers, dansent avec une ironie retenue, sa fantaisie rejoint celle de Satie – et résonnent les Gymnopédies, les Gnossiennes et la Valse du chocolat aux amandes. Les papiers collés et les illustrations typographiques d’Elodie Nouhen, prennent, elles aussi, le parti-pris de la simplicité – enfin, une simplicité aussi travaillée que celle de Frédéric Vaysse-Knitter qui interprète au piano les plus célèbres mélodies du compositeur.

Dès 8 ans

Carl Norac, Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête, Didier Jeunesse, 2006. Un livre CD avec des illustrations d’Elodie Nouhen, la voix de François Morel et Frédéric Vaysse-Knitter au piano. 48 p. et un CD. 23,80 €

Carl Norac, La Terrible Histoire de Petit Biscuit

Petit Biscuit, Munchy de son prénom, est né dans la célèbre pâtisserie Munch. Il fait partie de l’assortiment royal et a même la chance de posséder deux jambes. Un beau matin, sa décision est prise : « Bon, les voisins, je ne sais pas ce que vous faites, mais moi, je m’en vais ! » Et le voilà filant à l’anglaise en compagnie d’un Saint-Nicolas, qui, la porte juste franchie, se fait écraser – scroutch, plus de Saint-Nicolas ! Elle commence bien mal, cette histoire… Petit Biscuit va vivre de terribles aventures, et même s’il est consolé par une charmante Madeleine, il n’en finira pas moins croqué… et par qui ? Par son créateur, qui le ramasse sur le trottoir — beurk ! Un Carl Norac au mieux de sa forme, croqué, lui aussi, par le crayon de Magali Le Huche. Une terrible histoire, aussi cruelle et décalée que certains contes d’Andersen, à raconter avant ou après le goûter, selon l’appétit de vos jeunes lecteurs. Qui, espérons-le, ne s’en étrangleront pas de rire ! Et vous, lequel auriez-vous croqué ? La Madeleine, un Nullo phosphorescent, le Old Clown, le Biscuit Militaire ou Mademoiselle Choco-Mousse ?

Dès 5 ans

Carl Norac, La Terrible Histoire de Petit Biscuit, illustrations de Magali Le Huche, Sarbacane, 2020, 36 p., 15,90 €

Carl Norac, Poucette

Carl Norac, Poucette

« Là, dans la fleur, la femme voit, assise, une toute petite fille, pas plus grande que la largeur d’un doigt.
— Oh, personne n’a jamais vu une fille de cette taille ! s’écrie la dame. Mais c’est la mienne, si mignonne, ma Poucette pas plus grande qu’un pouce.
Très vite, c’est incroyable : la fille-fleur se met à parler, et pas pour ne rien dire :
— Géante ou pas, mes rêves à moi seront si haut que les étoiles en entendront parler ! »
En conteur qui sait ce que conter veut dire, Carl Norac offre ici une version du conte d’Andersen, non pas condensée ou adaptée, mais augmentée. Les détails foisonnent, les dialogues fusent, les anecdotes prennent du volume… et cela se déguste à haute voix, en admirant les superbes illustrations de Claire de Gastold, colorées, vives et fleuries –et quelle horrible gentille sorcière, on la croirait vraiment cousine de celle de Gripari ! Signe des temps, à la fin du conte, cette Poucette éconduit gentiment Princelet qui lui offre un bouquet dont les fleurs se nomment Fiançailles. Il est vrai qu’il s’était laissé aller jusqu’à oser un « C’est la classe, c’est Princelet », un peu trop hâbleur au goût de notre Poucette.

Dès 5 ans

Carl Norac, Poucette, illustrations de Claire de Gastold, Didier Jeunesse, 2020, 40 p., 15,90 € — Imprimé en Italie