« Soudain, la louve dressa l’oreille. Des bords du Tibre où elle s’abreuvait, un cri montait. D’un trait, elle s’enfonça entre les roseaux.
Echoué au pied d’un grand figuier sauvage, un panier flottait sur l’eau, et là, blottis l’un contre l’autre, elle les aperçut. Mais…
pas de museau pointu, pas de fourrure d’ébène : ces deux-là étaient plus blancs qu’un matin d’hiver et ils semblaient tendres à croquer…
d’un coup de dents, elle renversa leur nid d’osier. »
Cette mère louve recueille les orphelins, les nourrit, les protège… Plus tard, lorsque des bergers inquiets lui soustraient ses petits, elle donne une ultime preuve de son amour et se résigne à les abandonner à leurs nouveaux parents. Et à leur destin d’hommes : l’un d’entre eux, Romulus, posera les premières pierres de Rome. Les illustrations d’Elodie Nouhen sont d’une grande beauté : son trait onirique fond l’humain et l’animal dans la nature ; la louve se mue tantôt en arbre, tantôt en fleuve. Quelle poésie ! Le mythe fondateur de Rome est ainsi revisité avec des yeux contemporains, qui gardent en mémoire le célèbre ensemble de la Louve du Capitole — à la louve médiévale, avaient été ajoutés au XVe siècle les deux bambins assoiffés de lait comme de gloire.
Dès 5 ans
Géraldine Elschner et Elodie Nouhen, Maman Loup, Ed de l’Elan vert, coll. « Pont des arts », 2016, 32 p., 14,95 €