« Garance Tran, ça ne sonne pas vraiment bourgeois, non ? » Il y a des questions qui, l’air de rien, peuvent mener loin. Surtout quand la maman de ladite Garance, élève de 3e, est psychanalyste et que son papa, médecin, est le fils d’un M. Tran, arrivé du Cambodge en 1979. Une question qui, sous la plume d’Arnaud Friedmann, introduit un roman très prenant sur la quête des origines. Car ce grand-père, la narratrice lui rend régulièrement visite à l’hôpital où il finit ses jours. Il va lui raconter sa vie de jeune homme, notamment son premier séjour en France en 1974, lui confier des secrets que son fils, le père de Garance, n’avait pas cherché à connaître, tout focalisé qu’il était sur le fait qu’il était bel et bien français. Quitte à exagérer son accent franc-comtois – le roman se déroule à Besançon, ville qui accueillit en effet de nombreux réfugiés du Sud-Est asiatique.
Entre ses visites à l’hôpital et son collège, Garance va lire le mémoire d’un étudiant qui s’était intéressé à M Tran – avec des pages terribles sur la répression des khmers rouges -, mettre en pratique les conseils de son professeur d’histoire, questionner ses parents… et vivre sa vie d’adolescente.
Le second volet du roman se déroule après le décès de son grand-père : un premier voyage au Cambodge permet à Garance de découvrir le village natal de ce dernier et le « trésor de Sunthy » ; il sera suivi d’un second, qui ouvre sur un avenir que la jeune fille imagine heureux.
Arnaud Friedmann fait alterner des pages tragiques avec des pages sentimentales et d’autres non dénuées d’humour, ce qui donne un récit polyphonique dont le rythme conviendra bien aux adolescents. Très documenté, le roman dépasse le seul aspect historique pour devenir un roman d’initiation : plus Garance se rapproche de son grand-père, plus ses relations avec ses parents vont évoluer, de la crise d’adolescence à une forme de maturité bienveillante.
Dès 12 ans, adolescents
Arnaud Friedmann, Le Trésor de Sunthy, Lucca Editions, 2017, 232 p., 11,90 € — Imprimé en France